11H00
D'abord la brandade. Cette façon si particulière de cuisiner la morue née voila bien longtemps dans la tête et les mains de la famille Durand qui exploitait un commerce face à l'Esplanade, sur l'emplacement de l'actuel Monoprix.
Ensuite, le croquant Villaret, ce long biscuit au goût de miel fabriqué depuis 1775 dans la boulangerie Villaret toujours à la même place deux siècles et demi plus tard.
Spécialtés nîmoises encore : la toile "DENIM" qui habilla les membres d'équipage de Christophe Colomb et les cavaliers de l'Ouest Américain avant de transiter par Gênes pour devenir le Blue-Jean à la conquête de la planète.
Spécialités nîmoises toujours, les vins des Costières de Nîmes, cultivés et élevés entre mer et Cévennes, au sud de la Préfecture du Gard.
Enfin, les matins de Nîmes. Uniques sur la planète des toros. Nés au début des années 90. Depuis, combien de matinées inoubliables ? L'alternative de Cristina Sanchez ! Le retour Conchita Cintron ! La grâce d'Anheloso ! La muleta de Curro Romero !
En ce matin de la Pentecôte 2010, paseo d'étoiles habituées à quitter l'arène par la Porte des Consuls.
Encore une spécialité nîmoise !
18H30
En cyclisme, quand vous parlez sprint, vous pensez immédiattement à Mark Cavendish, l'irrésistible sprinteur de l'Ile de Man. Si vous évoquez l'éternelle fiancée du cinéma, vous faites illico référence à Bernadette Lafont. Si vous causez corrida de Miura, les noms de Juan Jose Padilla et Rafaelillo fusent sans tarder.
Depuis la fin de l'épisode "langue bleue", les Miura ont retrouvé le sable des arènes nîmoises en septembre 2007. Ils sont revenus les deux années suivantes. Ils assureront l'ouverture de la Pentecôte 2010.
Quatre corridas de Miura à Nîmes depuis 2007 et autant de paseos pour les duettistes Juan Jose Padilla et Rafaelillo docteurs es Miura sous toutes les latitudes.
Le troisième larron de cette corrida inaugurale est un arlésien, Mehdi Savalli. Les Miura il connait. Il a croisé leurs routes sous d'autres sables. Mas pas encore à Nîmes.
Deux docteurs es Miura, un interne en formation et six toros volumineux et hauts venus d'Andalousie.
Avec les Miura, rien n'est simple, rien n'est banal; rien n'est ordinaire. Et, docteur ou pas, il faut toujours être prêt à résoudre une équation compliquée.
18H30
Ce sont les artistes, et non les aficionados, qui parlent et écrivent le mieux sur la corrida. Laissons la plume à Denis Podalydès, futur Ruy Blas au prochain festival d'Avignon.
Sociètaire de la Comédie Française, acteur, metteur en scène, écrivain parfois, il signe "La Peur Matamore" édité au Seuil et paru en mars 2010. Extrait : "...Rien, peut-être ne m'émeut plus, ne m'enthousiasme plus, ne me met réellement hors de moi, hors de toute identification, dans un champ pur débarassé de fantasme, de réminiscence et de commentaire, qu'un beau geste de matador... Tel mouvement imperceptible de poignet effectué par Jose Tomas qui met en branle sa muleta avec une si prodigieuse douceur... Jose Tomas est probablement la figure absolue de l'impossibilité d'atteindre l'état du matador. L'horizon en personne. Le voilà, l'opposé même du Matamore, c'est Jose Tomas, lui qui, au plus près du toro, accomplit sans dire un mot, sans un pas de trop, le pur exploit, prenant des risques les plus grands, d'une flexion du poignet. Seul le geste minimal a lieu, et le taureau est embarqué ; c'est lui, Jose Tomas qui de la tête aux pieds devient Chimère..."
18H00
"Mi février, Arturo Macias s'est envolé d'Aguascalientes, la ville de Asuncion de las Aguas Calientes pour l'Espagne... Arturo Macias de la Luna, 28 ans, torero numéro 1 au Mexique cette année, est parti en Espagne avec son épouse Esther, andalouse de Sanlucar de Barrameda, son banderillero Armando Ramires "Bamban", ses chiens Leo et Pales... Il a fait sa présentation à Valence le 13 mars (1 oreille)... On ne le jugera pas sur cette première. Cependant, on prendra en compte sa volonté farouche de ne jamais s'avouer dépassé. Elle peut lui ouvrir beaucoup de portes. Les grandes et aussi celles de l'infirmerie. Il a connu 9 coups de corne, 3 fractures et un terrible "tabac" à Aguascalientes, le 3 novembre 2007 où le toro Cachero a failli le laisser tétraplégique. Il s'en est sorti après huit mois de réeducation, de souffrance physique et morale. Huit mois de gamberge... Depuis son alternative en 2005 à Aguascalientes, il a triomphé partout au Mexique... Il a, cet hiver, torée et triomphé à Mexico... notamment le 29 novembre, en mano à mano avec Jose Tomas, coupé deux oreilles avec pétition de queue..." (Jacques Durand - Libération du 26 mars).
Devenu torero vedette du pays aztèque, Arturo Macias désormais apodéré par Antonio Corbacho, l'ex mentor de Jose Tomas, veut faire carrière en Europe. Il a torée à Valence le 13 mars, est attendu à Séville mi-avril, à Madrid le 11 mai, puis à Nîmes dix jours plus tard. Sacré printemps pour Arturo M.
18H00
Le 16 mars 1990, Enrique Ponce recevait l'alternative dans les arènes de Valence. Ruben Pinar s'en moquait éperdument. Depuis trois mois, il se développait, bien à l'abri des tracas extèrieurs, dans le ventre de sa mère, qu'il quittera le 5 août 1990 à Tobarra, cité proche d'Albacete.
Ruben Pinar, pas encore 20 ans, déja plus qu'une belle promesse. Novillero, il fut l'un des plus courtisés pour la régularité de ses faenas. Ruben Pinar, à l'affiche, c'était (le plus souvent) un triomphe assuré. Néanmoins, bien peu d'observateurs pariaient sur son futur taurin. Ils lui reprochaient ses faenas standardisées, ses séries de passes photocopiées, sans saveur, sans réelle profondeur, sans classe. C'était mal connaître ce petit bonhomme au visage de premier communiant obstiné, appliqué et teigneux. Qu'allait-il devenir après son alternative reçue à Nîmes en clôture des Vendanges 2008 ? Un torero comme tant d'autres, oublié en quelques mois affirmaient les multiples sceptiques ! Pour faire taire les esprits grincheux et chagrins, Ruben Pinar ouvrait la Porte des Consuls le jours de son alternative. Insuffisant pour convaincre la critique ! Neuf mois après, il quittait Las Ventas par la Grande Porte. Insuffisant encore pour laisser sans voix les sceptiques !
Aux Fallas 2010, il était encore là, les oreilles à la main. Changement de ton dans la critique. Son toreo plus posé, plus templé, peut s'adapter à tous les types de toros.
Ruben Pinar, pas encore 20 ans, a convaincu. Le voila déja installé dans le Top 20. En prime, sa marge de progression est immense.
11H00
Ni l'un, ni l'autre ne sont des perdreaux de l'année.
L'un et l'autre ont reçu leur alternative bien avant l'arrivée des années 2000. En 1995 pour Javier Conde. En 1997 pour Morante de la Puebla. Le premier affiche trente six printemps. Le second a soufflé ses trentes bougies.
Leur parcours n'est pas un long fleuve tranquille. La régularité n'est pas leur point fort. La discrétion non plus. Morante de la Puebla fume le cigare entre deux faenas. Javier Conde torée parfois dans un costume dessiné par Christian Lacroix.
Nîmes porte encore les traces des passages de Javier Conde, une faena stratosphérique, un matin d'inspiration quasi-divine, un toro gracié à l'heure vespérale à la Pentecôte 2009 sous les yeux de Jose Tomas. Deux moments désormais répertoriés dans l'histoire des arènes de la cité.
Morante de la Puebla torée peu en France. Une seule corrida la saison dernière. A Nîmes et nulle part ailleurs sur la terre de Descartes.
De l'autre côté des Pyrénées, tout prés de la frontière, à Barcelone, en juin 2009, le torero de la Puebla del Rio a ébloui le public de la Monumental face à un toros de... Juan Pedro Domecq.
Javier Conde, Morante de la Puebla, Juan Pedro Domecq, trois noms qui ne laissent aucun aficionado indifférent. Trois personnalités hors normes. Une aubaine pour la tauromachie qui se nourrit de la diversité.
"Quand je vois les motos sauvages qui traversent nos villages, venues de Californie, de Flandres ou bien de Paris, moi je pense à la cavalerie" chantait Julien Clerc à la fin des années 60. Des paroles nées sous la plûme d'Etienne Roda-Gil auteur à succès et aficionado. Pablo Hermoso de Mendoza, lui aussi, pense à la cavalerie, sa cavalerie qu'il met en scène depuis bientôt 20 ans, sur tous les théâtres des deux côtés de l'Atlantique.
Hier, dans sa cavalerie, des chevaux de légendes : Gallo, Chicuelo et surtout Cagancho, l'étoile des étoiles.
Aujourd'hui, d'autres saltimbanques à quatre pattes l'accompagnent de ville en ville.
Chenel, fils de Gallo, né en Navarre, de race lusitano appelé ainsi en hommage au maestro Antonio Chenel "Antoñete". Icaro, autre lusitano, qui avance selon son maître, à pas de géant, vers la notorièté.
Caviar, fils du grand Chicuelo, encore un peu tendre, mais le plus prometteur d'entre tous.
Chenel, Icaro, Caviar sans oublier Pirata de race aztèque, excellentissime, dans l'ultime tiers, chevaux étoiles d'une cavalerie qui depuis, vingt ans, enchante tous les publics d'arènes.
18H00
20 ans ! Et même davantage si l'on prend en compte ses années de novillero. 35 paseos (31 en corridas, 4 en novilladas) à Nîmes ! Enrique Ponce, l'ami de la famille nîmoise !
Les ados turbulents qui assistaient à ses débuts dans l'arène veillent aujourd'hui sur leur progéniture. Les quadras qui scrutaient ses premiers pas ont, depuis, pris leurs retraites et accompagnent leurs petits-enfants à l'école. Vingt années se sont écoulées. Enrique Ponce, l'ami de la famille n'a pas changé. Le visage est plus rond, légèrement marqué, mais l'allure générale demeure.
Jamais un signe d'énervement, jamais un mouvement d'humeur, sauf quand le vent agite sa muleta. Il n'aime pas le mistral, le torero de Chiva. Il préfère les toros de Samuel Flores avec lesquels il a écrit sa plus belle page d'histoire taurine à Nîmes, c'était le 26 mai 1996 : Porte des Consuls, 4 oreilles et une queue en poche, les éloges de la critique et la reconnaissance du public en plus !
Trois semaines plus tôt, Nîmes Olympique s'était incliné en finale de la Coupe de France face à Auxerre.
Enrique Ponce, l'ami de la famille, avait, grâce à son triomphe, consolé le peuple crocodile.
Pentecôte 2010, Samuel Flores et Enrique Ponce, les vieux amants se retrouvent...
17H30
Toros de Garcigrande & Nuñez Del Cuvillo & Zalduendo :
"El Juli et Sébastien Castella : la guerre est ouverte"titrait un site taurin espagnol à l'issue de la corrida de clôture de la feria de Valence que les deux toreros ont illuminé, avec force, de leur talent.
El Juli et Sébastien Castella n'ont pas connu les frimas de l'hiver européen 2009/2010.
Pour eux, qui ne cessent de progresser (mais oui !) et de triompher, le printemps reste éternel.
Deux toreros. Deux soleils d'arènes qui se sont partagés tous les honneurs et les triomphes aux Amériques (Cali pour El Juli, Quito, Manizales et Medellin pour Sébastien Castella) avant de récidiver dés leur retour en Europe (Valence pour El Juli et Castellon pour le torero bittérois). Deux nouveaux monstres en guerre ouvert. Sur le sable. Muleta en main. Lors de la feria des Vendanges 2008, les deux étoiles s'étaient défiées, seul contre six toros, à 24 heures d'intervalles.
Les voilà, en cette ultime corrida de la Pentecôte 2010, deux contre six.
Que le meilleur gagne disent les sportifs. La corrida n'est pas un sport.
Que les deux nouveaux monstres de l'arène triomphent, prient les aficionados.