LA GRANDE HISTOIRE DES SOLOS NÎMOIS : SÉBASTIEN CASTELLA À LA FERIA DES VENDANGES 2008


Auteur d’une saison 2006 exceptionnelle, Sébastien Castella vient d’asseoir son statut de vedette de la tauromachie. Programmé deux à trois lors des ferias nîmoises, la répétition du matador biterrois sur les affiches de Pentecôte et des Vendanges est devenue une évidence. La moisson de trophées récoltés et de Portes des Consuls ouvertes vient résonner à cette dynamique du succès que nul ne saurait contester au torero français.

Dans le prolongement du solo célébrant le dixième anniversaire de l’alternative de Julián López « El Juli », Simon Casas souhaite également marquer la programmation des Vendanges 2008 par une autre corrida en solitaire. 24 heures après la corrida événementielle du torero madrilène, Sébastien Castella se retrouve sur la piste nîmoise pour défier six toros en solitaire. Spectateur la veille du triomphe d’El Juli, le matador français sait que le pari est de taille tant son concurrent direct à l’Escalafón a placé la barre haute.

Pour cette corrida du 20 septembre 2008, l’entourage du torero biterrois a opté pour un melting-pot ganadero réunissant trois élevages particulièrement prisés des figuras : Garcigrande, Juan Pedro Domecq et Victoriano del Río. Trois fers précédemment associés à de grands triomphes de Sébastien Castella dans les principales ferias européennes. Un autre clin d’œil après l’alternative biterroise prise huit ans plus tôt face à une corrida porteuse du fer de Juan Pedro Domecq.

Réussir un solo en tauromachie n’est pas chose aisée. Le torero doit réunir sur une même palette la préparation physique d’un marathonien, capable d’enchaîner la lidia de six toros, en théorie sans temps mort, l’excellence technique pour résoudre les équations posées en piste, l’inspiration et la création esthétique avec cape et muleta, le courage, la régularité avec l’épée, la variété dans l’interprétation afin de ne pas lasser l’auditoire ou encore la capacité à se renouveler afin que l’exercice, même réussi, ne tombe pas dans la monotonie.

Autant de paramètres difficiles à réunir dès que lors que certains toros commencent à plomber le profil d’un après-midi. « Confetero », « Desentado », « Duende », « Costalero », « Osado » et « Enarbolado » ne répondent pas pleinement aux attentes du soliste du jour. Exception faite de « Duende », le Victoriano del Río sorti en 3e position, qui est sans nul doute « le » toro du lot. Après avoir ravi l’oreille du Garcigrande d’ouverture, Sébastien Castella s’assure la Porte des Consuls en coupant les deux pavillons du fameux victoriano… Puis, le soufflet retombe.

Pourtant, Castella souhaite ardemment conquérir un vrai et beau triomphe, comme El Juli l’a accompli la veille. Le torero biterrois s’empare des banderilles pour relancer l’enthousiasme du public lors de la lidia du 6e Victoriano del Río, dont il va dédier la faena aux spectateurs qui ont rempli l’amphithéâtre romain. Las, « Enarbolado » n’a pas envie, par manque de moteur et de répondant. En contre-piste, on s’agite… Dans son étincelant costume parme et or souligné de noir, Sébastien Castella fait signe à la présidence : « j’offre le toro de réserve ! ».

« Esperón », toro de Cortés, sobrero sorti en 7e position, se fait attendre… Il sera le toro de l’après-midi. Une machine à charger qui réveillera les spectateurs et permettra à Sébastien Castella de réaliser la faena ardemment souhaitée depuis près de trois heures ! Le public nîmois s’enflamme à chaque passe dans le dos ou sur les séries de muletazos circulaires, au fil des cornes… Dédié à sa cuadrilla « titulaire », « Reservón » est estoqué d’une lame d’effet luminant, laissant deux oreilles et la queue entre les mains de Sébastien Castella dans l’enthousiasme général.

Avec cinq oreilles et une queue, le torero biterrois peut sortir en triomphe avec le sentiment du devoir accompli. Une tâche qu’il réitèrera moins de deux ans plus tard à Nîmes dans le cadre d’une corrida de bienfaisance pour les sinistrés d’Haïti.

L’enthousiasme de Sébastien Castella, banderilles en mains, face au 6e toro de Victoriano del Río, lors de sa corrida en solitaire du 20 septembre 2008 aux arènes de Nîmes (crédit photo : Anthony Maurin).