Considéré par ses pairs et ses héritiers spirituels comme « le Torero des toreros », José María Manzanares a été l’un des grands inspirateurs de la tauromachie de la fin du XXe siècle. Animé d’un style et d’une personnalité hors-pairs, le maestro d’Alicante a par ailleurs détenu pendant de longues années le record du nombre de corridas toréées aux arènes de Nîmes avant d’être récemment détrôné par Enrique Ponce puis Sébastien Castella. Une performance initiée au début des années 70, à une époque où les ferias nîmoises étaient moins denses en nombre de courses…

Leader de l’Escalafón des matadors de toros en 1977 et 1984, José María Manzanares connut son apogée en tant que torero à la fin des années 80. Le 16 juillet 1988, le maestro d’Alicante connut un triomphe historique à la Real Maestranza de Caballería de Ronda en graciant un toro des héritiers de Salvador Guardiola Domínguez, le fameux « Peleón », passé depuis à la postérité. Une corrida goyesque qui vit Manzanares officier seul face à six toros, lidiés en concours d’élevages, et se permettre le luxe d’effectuer une pause après l’indulto obtenu afin de changer d’habit de lumières.

1996, temporada d’anniversaire pour José María Manzanares : 25 ans d’alternative célébrés avec faste au cœur d’une saison passionnante… Les arènes choisies par le maestro alicantin donnent à sa temporada des allures de tournée d’adieux, même s’il s’en défendra pendant l’été : « no me despido de nadie », « je ne dis au revoir à personne… » Le temps et les saisons suivantes lui donneront raison, notamment sous la houlette de Simon Casas en tant qu’apoderado.

Souverain lors de l’alternative de Cristina Sánchez, dont il fut le témoin de cérémonie, le 25 mai 1996, José María Manzanares signe l’un de ses plus grands triomphes nîmois, quatre oreilles et une queue à la clé face à un grand lot de toros d’Alcurrucén. L’ampleur de son triomphe convainc la direction des arènes d’organiser un événement lors du dimanche de clôture de la Feria des Vendanges… Ce 22 septembre 1996, ceint d’un costume bleu Méditerranée et or, José María Manzanares traverse la piste nîmoise en majesté lors d’un paseo à la solennité affirmée. Un moment qui demeurera comme le plus marquant d’une tarde à oublier. Un chapelet de silences face aux toros d’Antonio Ordóñez, Garzón (2) et Alcurrucén (4) pour l’un des rares solos « ratés » de l’histoire taurine nîmoise…

José María Manzanares au paseo de la corrida en solitaire du dimanche 22 septembre 1996 aux arènes de Nîmes (crédit photo : Annie Saurel).