LA GRANDE HISTOIRE DES SOLOS NÎMOIS : EL JULI À LA FERIA DES VENDANGES 2008


Il fallait presque conjurer le sort de 1996. Pendant douze ans, aucun autre solo n’a figuré à l’affiche d’une corrida de la Feria des Vendanges… Comme un clin d’œil du destin, c’est à Julián López « El Juli » que fut proposé le pari de défier en solitaire six toros, douze ans après l’échec nîmois de son parrain d’alternative, le regretté maestro José María Manzanares. Ceci étant dit, El Juli avait lui aussi une affaire à régler avec lui-même : le 21 mai 1999, un vendredi de la Feria de Pentecôte, son premier solo nîmois s’était soldé sur une note d’amertume, avec la saveur d’un triomphe inachevé, voire d’un succès forcé qui n’en était pas vraiment un.

Après le grand triomphe d’Antonio Ferrera lors de l’édition 2002 des corridas de l’Ascension, Simon Casas propose à Julián López « El Juli » de fêter dignement ses dix ans d’alternative aux arènes de Nîmes. Ce vendredi 19 septembre 2008, le Madrilène se présente dans une livrée turquoise et or rappelant les teintes du costume choisi dix ans plus tôt à l’occasion de ses adieux de novillero à la Monumental de Las Ventas. Dans le toril gardé par Guy Raucoule, six toros de Daniel Ruiz attendent de débouler en piste… Autre clin d’œil avec la répétition de l’élevage qui fut celui de la corrida d’alternative du Juli, le vendredi 18 septembre 1998, retransmise en direct par les caméras de la télévision publique espagnole.

« Almejita », « Marismeño », « Nigeriano », « Agua Limpia », « Depravado » et « Mamarracho » sont les six toros qui vont favoriser le triomphe majuscule de Julián López « El Juli ». Une corrida mémorable dont l’intensité atteindra, à des degrés différents, l’émotion du mano a mano avec Jesulín de Ubrique de l’Ascension 2001 sous un déluge qui appartient aussi à l’Histoire taurine des arènes de Nîmes.

Finalement, sept oreilles et une queue viennent récompenser le récital d’El Juli, rappelant ses meilleures séquences capoteras de novillero, assorties de la maîtrise muletera des grands maestros, banderilles en supplément face au 6e toro, honoré d’une vuelta posthume. Une tarde pour l’histoire avec des brindis qui font sens : le 1er toro dédié à Julián López père, le 3e à Simon Casas, le 5e à son apoderado de l’époque, Roberto Domínguez, et le 6e au public nîmois. Seize ans après, ce solo d’El Juli fait partie des corridas en solitaire majeures vécues dans l’amphithéâtre bimillénaire.

Naturelle sérieuse de Julián López « El Juli » lors de sa corrida en solitaire du 19 septembre 2008 aux arènes de Nîmes (crédit photo : Anthony Maurin).