En 2018, Andrés Roca Rey avait terminé en tête de l’Escalafón des matadors de toros après avoir participé à 54 corridas dans les arènes européennes, où il avait recueilli un total de 91 oreilles et 2 queues. Des chiffres nettement battus à l’issue de la temporada 2023, avec 58 corridas toréées et une moisson de 115 oreilles et 4 queues récoltées. Un profil de saison bien différent de celui de Morante De La Puebla, qui avait choisi d’accroître sa présence dans les ruedos lors des deux dernières temporadas. Une stratégie qui avait ainsi permis au fantasque torero andalou d’atteindre les 100 corridas lors de la saison 2022 avec 84 oreilles et 2 queues. Dans un même temps, Andrés Roca Rey, 2e à l’Escalafón, totalisait 139 oreilles et 6 queues en « seulement » 63 paseos…
Ce retour au qualitatif semble sonner le passage à une nouvelle période au sommet de la hiérarchie des matadors de toros. La séquence de reconstruction des ferias, au sortir de la crise sanitaire, laisse désormais la place à un retour aux fondamentaux de la programmation, avec une forme d’équilibre dans la conception des cartels. Au cours du dernier trimestre, Andrés Roca Rey s’est principalement distingué lors de ses après-midis lumineux à Albacete, Murcie et Nîmes.
2e, Alejandro Talavante a signé une temporada mémorable avec 70 oreilles et 4 queues coupées en seulement 53 courses toréées. Torero d’inspiration et de ressenti, le protégé de Simon Casas a obtenu la grâce d’un toro d’Álvaro Núñez, le 1er octobre dernier à Zafra (Badajoz), avant de triompher à Valencia puis Saragosse, lors des derniers rendez-vous de la saison européenne. Il devance Sébastien Castella, 3e, qui n’a pas manqué son retour dans les pistes, avec plusieurs triomphes de grande catégorie, matérialisés par la coupe de 63 oreilles en 51 corridas toréées.
4e, Emilio De Justo a signé un fort intéressant retour au premier plan, un an et demi après la grave blessure madrilène du printemps 2022 qui avait stoppé net sa dynamique d’ascension. Avec un total de 83 oreilles et 1 queue dans la section des trophées, sur 50 paseos, le matador de toros natif de Cáceres demeure une valeur de ce Top 10. Une bonne temporada de « reconstruction » qui s’est achevée en octobre par deux ultimes triomphes, acquis à Saragosse et Jaén.
Au 5e rang, on retrouve l’inamovible David Fandila « El Fandi », pièce incontournable de la conception des cartels dans de nombreuses ferias espagnoles. Avec 109 oreilles et 9 queues coupées, le matador andalou demeure un acteur majeur de l’Escalafón du haut de ses 43 corridas toréées. Crédité de 70 oreilles et 2 queues, Julián López « El Juli » apparaît à la 6e place après avoir toréé 39 corridas en cette année d’adieux. L’Histoire de la Tauromachie retiendra cette dernière oreille coupée à Séville, le 1er octobre, point final (?) d’une carrière remarquablement menée et 25 années d’alternative au sommet. Un Escalafón qu’El Juli aura remporté à trois reprises, en terminant 1er de cette classification européenne à l’issue des temporadas 1999, 2000 et 2002.
José María Manzanares fils se classe au 7e rang avec 38 corridas toréées et 37 oreilles récoltées. Une saison « sans histoire » pour le torero d’Alicante, qui célébrait pourtant la célébration de ses 20 ans d’alternative. Le public aura retenu de son mois de septembre le joli triomphe remporté lors de la corrida goyesque de Ronda (Málaga), ainsi que son coup d’éclat de Valladolid, avec quatre pavillons raflés face à un bon lot de toros de Victoriano del Río.
Dans l’aspiration de Manzanares, à 38 corridas, Morante De La Puebla figure à la 8e place, 23 oreilles et 1 queue sévillane au compteur. Temporada irrégulière, faite de nombreuses pauses mais aussi de coups d’éclat au génie affirmé. Le torero de la Puebla del Río devance Miguel Ángel Perera, une valeur sûre de l’Escalafón. Avec 56 oreilles et 3 queues récoltées, en seulement 32 courses toréées, le torero extremeño a su convaincre les publics par la puissance de son toreo encimista. Une maîtrise qui s’est encore illustrée, en septembre dernier, lors des ferias d’Albacete et Salamanque.
Daniel Luque boucle ce Top 10 de la meilleure des manières. Sans une grave blessure subie durant l’été, nul doute que le torero andalou aurait certainement terminé sa saison à une place bien plus élevée. 10e avec 32 corridas toréées pour une coupe de totale de 56 oreilles et 2 queues, le matador de toros originaire de Gerena a excellé tout au long de l’année. Ses dernières démonstrations à Arles, Dax, Nîmes et Séville sont autant de faenas pour le souvenir que de triomphes qui feront date…
La saison 2023 s’achève donc sur la classification de 183 matadors de toros, soit 15 de plus qu’en 2022. 59 de ces 183 matadors de toros n’ont officié qu’à une seule reprise depuis le début de la temporada européenne.
Vuelta d’Andrés Roca Rey lors de la corrida de Victoriano del Río du samedi 16 septembre 2023 aux arènes de Nîmes (crédit photo : Anthony Maurin).