Figure incontournable de la Tauromachie, Francisco Camino Sánchez est décédé la nuit dernière à l’hôpital de Navalmoral de la Mata (Cáceres) à l’âge de 83 ans. Surnommé « el Niño sabio de Camas », ce génie du toreo demeurera comme l’un des plus grands toreros de l’Histoire du XXe siècle. Un épithète qu’il doit notamment aux 12 grands portes ouvertes à la Monumental de Las Ventas à Madrid, arènes où il marqua d’une pierre blanche la date du 4 juin 1970 lors de l’une des plus grandes corridas de la Beneficencia de l’Histoire taurine, en coupant huit oreilles, seul face à sept toros.
Le 14 décembre 1940 à Camas (Séville), Paco Camino était le fils du banderillero Rafael Camino. Il débuta en novillada formelle le 7 septembre 1958 à Saragosse face à un lot d’Escudero Muriel, aux côtés de José Julio et Chiquito de Aragón. Il fut sacré matador de toros moins d’un an plus tard à Valencia, le 17 mars 1959, des mains de Jaime Ostos, en présence de Juan García « Mondeño », face au toro « Mandarín » d’Urquijo.
Grand admirateur d’Antonio Ordóñez, Paco Camino confirma pourtant son alternative à Madrid des mains de Julio Aparicio père, sous le regard de José María Clavel, le 12 mai 1961, face au toro « Espejito », de l’élevage d’Antonio Pérez de San Fernando. Quelques mois plus tard, le maestro andalou fut victime d’un coup de corne très grave par « Cardiaco », un toro d’Atanasio Fernández, le 22 août 1961, dans les arènes de Bilbao. Grièvement blessé au moment de l’estocade, Paco Camino reçut ce jour-là l’extrême onction alors qu’il se trouvait à l’infirmerie des arènes.
Une épreuve qui le renforça jusqu’à tutoyer les sommets et finir en tête de l’Escalafón lors de la temporada 1963, année de sa première sortie en triomphe des arènes de Las Ventas, à Madrid. Personnalité très populaire en Espagne, il joua notamment son propre rôle dans le film Fray Torero (1966), sous la direction du réalisateur José Luis Sáenz de Heredia. Mais c’est en piste qu’il écrivit sa légenda, toréant près de 1.500 corridas au cours de ses 20 temporadas en activité, coupant la bagatelle de 1176 et 126 queues. Des chiffres astronomiques qui comprennent ses 50 courses torées à Madrid, plaza majeure où il obtint un total de 48 oreilles et l’ouverture de la Grande porte à douze reprises entre 1963 et 1976, dont deux fois en 1967. Seul Santiago Martín « El Viti » fit « mieux » que Paco Camino…
Particulièrement châtié par les toros, Paco Camino reçut une trentaine de coups de corne, dont deux blessures majeures. Outre celle de Bilbao, en 1961, le maestro natif de Camas fut également grièvement blessé à Aranjuez, en 1980. Le maestro espagnol fut particulièrement affecté par la mort de son frère, le banderillero Joaquín Camino, à Barcelone. Un événement tragique qui le conduisit à mettre un terme à sa temporada 1973.
Premier styliste du toreo de l’après-guerre avec la cape, Paco Camino dérogea à certains codes établis de l’art tauromachique de l’époque et immortalisa son sens de la chicuelina. Muletero de génie, à la main gauche souvent imitée, formidable estoqueador, Paco Camino se retira de la profession le 23 septembre 1983. Idole à Madrid, Bilbao et Mexico, il sortit de sa retraite pour une seule journée, le samedi 26 septembre 1987, à la demande de Simon Casas pour l’un des plus grands événements taurins qu’ait connus les arènes de Nîmes. Paco Camino participa à la corrida d’alternative de son fils Rafael, aux côtés des Litri, père et fils, pour un moment de bravoure et d’émotions de l’histoire taurine nîmoise.
Nîmes, l’une des arènes de prédilection de Paco Camino, où il officia à 29 reprises en qualité de matador de toros, entre 1960 et 1987. Un record pour l’époque ! Programmé à quatre reprises dans l’amphithéâtre romain au cours de la saison 1967, Paco Camino fut un maestro admiré et aimé de l’afición nîmoise, aux autres grandes vedettes de l’époque, Santiago Martín « El Viti » et Diego Puerta. Il toréa sa première corrida nîmoise le 5 juin 1960, Dimanche de Pentecôte, dans un cartel complété par ses deux parrains, Julio Aparicio et Jaime Ostos, devant 5 toros d’Urquijo et un exemplaire de Carlos Núñez. Un grand succès même si la présidence refusa l’oreille au « Niño Sabio », qui effectua deux vueltas enjouées.
En 2005, le maestro fut récompensé par le Ministère espagnol de la Cultura, qui lui décerna la Médaille d’or du mérite des beaux-arts.
Paco Camino va désormais reposer dans sa terre natale de Camas. La société SCP France présente ses sincères condoléances à la famille du maestro, ainsi qu’à celle du torero Pepe Luis Vázquez, fils du grand matador éponyme, qui s’est éteint il y a quatre jours dans sa propriété de Carmona (Séville). Pepe Luis Vázquez fils avait toréé une novillada à Nîmes le 25 mai 1980, Dimanche de Pentecôte, aux côtés de Curro Caro et Alain Bonijol, un lot de Vázquez Hermanos.
La dernière vuelta de la carrière de Paco Camino, le 26 septembre 1987, aux arènes de Nîmes (crédit photo : Daniel Polo).