Du fait de la quadruple programmation de Sébastien Castella ou encore du solo de Daniel Luque, le nombre de matadors de toros engagés en 2024 aux arènes de Nîmes s’est légèrement réduit par rapport à l’année passée. Ils avaient dix-sept toreros différents à prendre part au paseo d’une corrida nîmoise l’an passé, ils ont tout de même été seize matadors de toros à se présenter au patio de cuadrillas de l’amphithéâtre romain. Une classification évidemment dominée par Sébastien Castella, fort de ses quatre corridas – 2 pour Pentecôte et 2 aux Vendanges – avec une nouvelle Porte des Consuls acquise lors de sa première comparution, face aux toros de Garcigrande. En 8 toros lidiés, le matador de toros biterrois a ravi un total de quatre oreilles, soit un trophée par corrida toréée.
Il devance Alejandro Talavante, 2e, et toujours en quête d’une ouverture de la Porte des Consuls, dix-huit ans après sa confirmation d’alternative aux arènes de Nîmes. Pour autant, les bons moments n’ont pas manqué en cette année 2024 autour du torero extremeño, auteur d’une faena majeure en ouverture de la Feria de Pentecôte face aux toros de Juan Pedro Domecq. Témoin des adieux nîmois d’Enrique Ponce et de la confirmation d’alternative de David Galván, Alejandro Talavante est sorti en triomphe par la Porte des cuadrillas à l’issue de la première de ses deux courses toréées.
3e, Daniel Luque fait la différence par rapport à ses confrères du fait des six toros de La Quinta lidiés en solitaire le samedi après-midi de la Feria des Vendanges. Un moment d’une grande intensité, parfaitement orchestré par le torero de Gerena, dont la technicité et le génie du toreo ont proposé ce qui demeurera certainement comme l’un des temps forts de cette temporada 2024. Quatre oreilles coupées et une Porte des Consuls ouverte dans une ambiance digne des plus grandes tardes madrilènes…
À l’instar de Daniel Luque, les treize autres toreros apparaissant dans la classification n’ont officié qu’à une seule reprise en 2024 aux arènes de Nîmes. Récipiendaire de quatre oreilles lors de la corrida du Lundi de Pentecôte, Juan Leal occupe le 4e rang, fort de la densité des faenas proposées face aux toros de Virgen María. Une nouvelle ouverture de la Porte des Consuls qui prolonge un peu plus encore l’idylle entre le matador arlésien et les arènes de Nîmes où il avait pris l’alternative, lors de la Pentecôte 2013.
5e, Tomás Rufo a enfin ouvert la « grande porte » qui s’était injustement refusée à lui, aux Vendanges précédentes, après une faena de prodige en marge de l’alternative de Solalito. C’est face aux mêmes toros de Victoriano del Río que le torero originaire de Talavera de la Reina s’est pleinement affirmé, lors de la corrida du Dimanche de Pentecôte, signant une prestation empreinte de maîtrise et de torería. Trois trophées récoltés en toute justice et une Porte des Consuls des plus logiques pour un matador qui n’a pas fini d’étonner le public français.
Tomás Rufo devance de peu Solal, le jeune matador nîmois, 6e avec trois oreilles à la clé, récoltées lors de la fameuse corrida du Lundi de Pentecôte, dont deux pavillons acquis face à un rugueux sobrero de Fernay. Une Porte des Consuls heureuse et méritée pour l’ancien élève du Centre français de Tauromachie, qui obtient ici une belle récompense après l’amertume d’un triomphe perdu avec l’épée lors de sa prise d’alternative, ici-même, aux Vendanges précédentes. Mais Solal n’est pas le seul torero français à avoir brillé cette année à Nîmes : auteur d’une temporada exceptionnelle, Clemente a lui aussi ouvert la Porte des Consuls, mais cette fois lors de sa confirmation d’alternative ! Le matador de toros aquitain a proposé une partition de grande composition face aux toros de Robert Margé, obtenant un total de trois oreilles lors de la corrida matinale de la Feria des Vendanges.
8e, le nouveau matador de toros Lalo de María figure également en bonne position, fort du triomphe acquis pour son alternative face aux toros de Jandilla et Vegahermosa. Deux pavillons ravis à la force du poignet lors d’une corrida piégeuse où le vent a parfois déjoué les intentions de matadors fort expérimentés. Avec une sortie en triomphe par la Porte des cuadrillas, le 74e matador de toros français de l’Histoire dirige son regard bleu d’acier vers l’horizon de 2025 et de sa première temporada complète.
Une Porte des cuadrillas également ouverte par Fernando Adrián, qui n’a pas manqué sa confirmation d’alternative aux arènes de Nîmes. La 50e conférée à un matador de toros dans l’amphithéâtre romain. Désireux de poursuivre sa série de triomphes consécutifs, le torero madrilène s’est montré sous son meilleur jour face aux toros de Virgen María, obtenant les deux oreilles de son second adversaire.
Autre « confirmant », David Galván apparaît à la 10e place du classement après avoir pris muleta et épée des mains d’Enrique Ponce lors de la première corrida de la Feria de Pentecôte. Auteur d’une faena fort investie devant le 6e toro de Juan Pedro Domecq, le matador andalou s’est vu décerner un trophée de poids. Il partage cette récompense avec Juan Ortega, qui a obtenu sa première oreille « nimoîse » face à l’ultime toro de la temporada, lors de la corrida de clôture de la Feria des Vendanges.
Une oreille encore pour Andrés Roca Rey, certainement avec une saveur amère, tant le n°1 mondial de la tauromachie souhaiterait retrouver la fraîcheur de ses premières amours nîmoises. Confronté au remplacement de deux toros consécutifs, le torero péruvien n’a pas été en mesure de défendre son rang lors de la corrida du samedi de Pentecôte qui le voyait partager l’affiche avec Sébastien Castella et El Rafi.
13e, Enrique Ponce apparaît évidemment dans la classification nîmoise de la saison 2024. Pour son dernier paseo nîmois, plus de trente-cinq ans après le premier, le maestro de Chiva a pleinement communié avec un public qui l’a toujours aimé. Des ovations, des émotions et des larmes dans une ultime vuelta pour célébrer la dernière oreille coupée par Enrique Ponce à Nîmes face au 4e toro de Juan Pedro Domecq, dédié à sa jeune compagne, Ana Soria.
José María Manzanares figure à la 14e place avec l’ultime oreille ravie par un matador de toros, à l’issue d’une faena fort sérieuse et bien cadencée devant un exemplaire de Jandilla. El Rafi et Emilio de Justo ferment la marche n’ayant pas ravi de trophées, malgré deux vueltas fortes de sens pour le matador nîmois.
Si l’on dresse le bilan final de la classification des matadors de toros, Sébastien Castella est le torero qui a lidié le plus de toros (8) et coupé le plus grand nombre d’oreilles (4) avec Daniel Luque et Juan Leal. La Porte des Consuls s’est ouverte à six reprises, pour Sébastien Castella, Daniel Luque, Juan Leal, Clemente, Tomás Rufo et Solal, alors que celle des cuadrillas s’est ouverte trois fois pour accueillir les triomphes d’Alejandro Talavante, Fernando Adrián et Lalo de María. Sur les 16 matadors de toros engagés cette année à Nîmes, on relève donc 32 oreilles coupées – comme en 2023 –, 3 vueltas – 2 pour Rafi et 1 pour Castella –, 3 saluts au tiers, 3 sessions d’applaudissements et 12 silences à l’arrastre sur l’ensemble des 44 toros lidiés.
Le 13 septembre 2024, Lalo de María est devenu le 74e matador de toros français de l’Histoire lors de la 36e alternative conférée à un matador dans les arènes de Nîmes. L’amphithéâtre gardois a été la scène taurine des confirmations d’alternative françaises des toreros espagnols David Galván, le 17 mai 2024, Fernando Adrián, le 20 mai 2024, puis du matador français Clemente, le 14 septembre 2024.
La joie de Sébastien Castella lors de son triomphe du samedi 18 mai 2024 aux arènes de Nîmes (crédit photo : Anthony Maurin).