ALTERNATIVES À NÎMES : PASEO TRICOLORE POUR LA CÉRÉMONIE DE GRÉGOIRE TAULÈRE


Nous sommes le dimanche 16 septembre 2001, journée de clôture de la Feria des Vendanges. Une feria pas comme les autres, amputée de sa première journée, le vendredi 14, en raison de la journée de deuil national observée trois jours après les attentats terroristes du 11-Septembre à New York. Après l’annulation de la première corrida, le week-end taurin reprend son cours avec deux journées où figurent plusieurs élevages redoutables…

Entre les corridas de Cebada Gago et de Palha s’intercale ce dimanche matin un encierro porteur du fer portugais d’Oliveira Irmãos, un élevage déjà passé par Nîmes au cours de la temporada 1994. Cette course marque événement majeur pour le Centre français de Tauromachie, la première école taurine fondée à Nîmes dix-huit ans plus tôt à l’initiative de Christian Lesur. Ce matin, l’alternative va être conférée à un élève du CFT par deux matadors issus de la même entité.

« Fumado » est le toro de la cérémonie d’alternative de Grégoire Taulère, torero natif de Paris, âgé de 27 ans, et dont la carrière s’est répartie entre les plateaux en tant qu’acteur mais aussi novillero entre 1994 et 2001. La muleta de matador lui est cédée par son ancien camarade de classe du CFT, Swan Soto, sous le regard d’un autre ancien élève du Centre, Marc Serrano. En ce troisième dimanche du mois de septembre, les planètes sont parfaitement alignées pour Grégoire : face à un toro animé d’une charge allègre et généreuse, la première faena de sa carrière de matador se réalise comme dans les plus beaux rêves de torero en herbe… Après le port de l’estocade, deux oreilles lui sont accordées.

42e matador de toros français, Grégoire Taulère sera le 15e à prendre son alternative sur le sable nîmois. Cette corrida est à ce jour la seule et unique qu’il a toréée dans l’amphithéâtre romain… Aujourd’hui établi à Paris, loin des toros mais toujours mû, avec sa famille, par la passion taurine, Grégoire Taulère porte un regard lucide sur l’exigence du métier de torero : « les toros font mal et font souffrir mentalement : si tu ne parviens pas à devenir figura del toreo, c’est difficile. De la même manière, si j’aime une femme, j’accepte aussi l’idée qu’elle me fasse souffrir si un jour elle me quitte. Les toros m’ont apporté cela : dans l’amour de quelqu’un ou de quelque chose, on prend cela comme un « tout », comme quelque chose d’entier. Pas uniquement le bon moment, pas uniquement péguer dix passes à Nîmes dans des arènes pleines, avec le public qui réagit et qui me le fait ressentir… C’est formidable mais ça n’est qu’une partie du « contrat ». Pour profiter pleinement de ces moments, je crois que l’acceptation du « reste » est indispensable » confiait-il l’an passé dans le livre-recueil des 40 ans du Centre français de Tauromachie, animé d’une passion intacte.

Alternative historique pour la tauromachie nîmoise avec trois anciens élèves du Centre Français de Tauromachie : Grégoire Taulère devient matador de toros sous le parrainage de Swan Soto, en présence de Marc Serrano (crédit photo : archives de Grégoire Taulère).