TOROS À NÎMES : L’HISTOIRE DE L’ÉLEVAGE DE LA QUINTA DANS L’AMPHITHÉÂTRE GARDOIS


L’élevage de La Quinta a fourni sa dernière corrida intégrale aux arènes de Nîmes le vendredi 2 juin 2017, lors de la Feria de Pentecôte. Un lot particulièrement sérieux, dont les toros étaient allés à douze reprises sous les fers des picadors, quatre d’entre eux étant applaudis à l’arrastre, le 4e recevant même une ovation. Ce jour-là, Manuel Escribano avait ravi l’unique oreille de la journée, dans un cartel complété par Rafael Rubio « Rafaelillo » et « Román ». Deux jours plus tard, un autre toro de La Quinta foulait la piste nîmoise, en ouverture du 1 contre 6 de Juan Bautista. Le résultat fut encore plus probant, deux oreilles récompensant le matador arlésien alors que « Molinero » était justement applaudi à l’arrastre.

 

À la différence d’autres arènes, la ganadería de La Quinta a peu fourni de corridas intégrales à Nîmes. La première remonte au dimanche 19 septembre 2010, à l’occasion d’une course de clôture particulièrement entretenue de la Feria des Vendanges. Au cartel, Curro Díaz, El Juli et Matías Tejela s’étaient livrés en piste à un haut niveau de compétition. Présents et combatifs contre les caparaçons de la maison Heyral, les gris toros santacolomeños s’étaient montrés fidèles aux vertus de leur encaste. Sortis en 1e et 4e position, « Estanquero » et « Azulejo » avaient les toros de l’après-midi, excellemment exploités par un Curro Díaz, qui signa là l’une de ses meilleures partitions nîmoises. Deux oreilles avaient récompensé la seconde faena du torero de Linares, auteur d’un toreo d’une bouleversante esthétique. De son côté, « Azulejo » avait été ovationné à l’arrastre par le public. Une œuvre majeure qui avait repoussé El Juli dans ses retranchements, forçant le torero madrilène à sortir le grand jeu devant le 5e toro, dépossédé d’un pavillon… Cette corrida reste à ce jour la meilleure lidiée à Nîmes par le ganadero Álvaro Martínez Conradi.

 

Pour autant, d’autres toros porteurs de la devise rouge et jaune ont investi la piste de la préfecture du Gard… Ainsi, l’élevage de La Quinta avait été programmé lors de la corrida du Dimanche de Pentecôte, le 12 juin 2011, en après-midi, dans le cadre d’une corrida de compétition avec le fer de Fuente Ymbro. Les deux ganaderías andalouses ont terminé la course sur un « partage des points » puisque deux oreilles furent coupées de part et d’autre et qu’une vuelta posthume récompensa un toro des deux élevages… « Matajaca », 6e exemplaire de la corrida, fut le toro récompensé par le mouchoir bleu du président Perotti, auquel Alejandro Talavante venait de couper l’oreille à l’issue d’une faena de sa composition… Précédemment, un autre pavillon avait été ravi par Sébastien Castella devant le 5e exemplaire, dédié à Pierre Arditi, assurant le matador biterrois d’une sortie en triomphe par la Porte des Consuls.

 

Créé à la fin des années 80, l’élevage de La Quinta est « né » en France sous la Bulle des arènes de Nîmes. Dès la temporada 1994, sous son ancienne marque, la ganadería andalouse était à l’affiche de l’une des novilladas de la Feria de Primavera… Le samedi 19 février, cinq novillos étaient lidiés par les novilleros vedettes de l’époque, El Madrileño, Ruiz Manuel et José Ortega… Deux ans plus tard, le 21 septembre 1996, c’est avec son fer actuel que l’élevage santacolomeño revenait à Nîmes, dans le cadre d’une novillada sans picadors, avec un cartel composé par les becerristas français Thierry Monnet, Diamante Negro et la présentation d’un certain Miguel Abellán… L’unique oreille de la matinée revint ce jour-là au « diamant » du Sambuc, Gildas Gnafoua, alors élève à l’École taurine d’Arles.

 

Dès lors, la ganadería de La Quinta fut répétée plusieurs années pour la qualité de ses novillos. Le dimanche 23 février 1997, en clôture de la Feria de Primavera, le public nîmois se livra au toreo inspiré d’un certain Morante De La Puebla, crédité des deux oreilles du 5e novillo de la course, « Pileño ». Les compagnons d’affiche du torero de la Puebla del Río étaient Antonio Barrera, inédit à Nîmes, et Eduardo Dávila Miura, alors en compétition directe avec Morante…

 

L’élevage du double C revint le 26 février 2000, toujours dans le cadre de la Feria de Primavera, pour un cartel composé par Antonio Barea, Sergio Aguilar et Rafael de Julia. C’est ce dernier qui se montra le plus en vue lors de cette course, obtenant une oreille puis effectuant une vuelta à l’arrastre du 6e novillo… Une Bulle qui accueillit une quatrième fois les pensionnaires de La Quinta, le 14 février 2003, en ouverture de la Feria de Primavera, avec une terna composé par Francisco José Palazón, Jonathan Veyrunes et Javier Perea.

 

La dernière novillada présentée à ce jour à Nîmes par l’élevage de La Quinta demeure le lot lidié le vendredi 18 septembre 2009, en matinée. Trois oreilles y avaient été coupées et un novillo avait droit aux honneurs de la vuelta posthume par le mouchoir bleu brandi par Richard Tiberino… Le premier pavillon de la matinée avait récompensé la disposition de Pablo Lechuga alors que la double attribution de trophées était revenue à Thomas Dufau, excellent face au brave « Capa Corta », sorti en 3e position. D’excellente note, le novillo d’ouverture s’était montré également à la hauteur des attentes du ganadero, recevant une forte ovation à l’arrastre. Patrick Oliver était le « troisième homme » de cette novillada particulièrement plaisante…

 

Ce vendredi 15 septembre 2023, les toros de La Quinta vont à nouveau investir le toril nîmois, six ans après leur dernière venue. Deux spécialistes de cet encaste vont se mesurer en mano a mano face à l’un des élevages idoines de Santa Coloma : Daniel Luque et Emilio De Justo. Une première en France !

 

« Berreón », 5e toro de la corrida de La Quinta lidié aux arènes de Nîmes le 2 juin 2017 par Manuel Escribano (crédit photo : Anthony Maurin).