40 ans sonnés depuis novembre dernier, Diego Antonio Espíritu Santo Ventura est une légende vivante de l’art du rejoneo. Longtemps annoncé comme le successeur de Pablo Hermoso de Mendoza, après avoir été son principal challenger, au prix d’une lutte fratricide – les deux hommes ne s’adressent plus la parole depuis de longues années – et d’une rivalité qui a atteint son paroxysme, Diego Ventura célèbrera en septembre prochain ses 25 ans d’alternative. Une carrière rondement menée pour le fils d’une autre légende du rejoneo portugais, João Ventura, qui a écrit les plus belles pages de la tauromachie équestre de ces quinze dernières années.
Avec 18 Grandes portes ouvertes à la Monumental de Las Ventas, à Madrid, et 10 Portes du Prince à son actif à Séville, Diego Ventura est le rejoneador de tous les records. Une référence absolue dans l’univers de la tauromachie équestre dont les premiers pas en France s’accordent avec les pierres de nos arènes romaines. Trois ans après la participation de son père João lors de l’inoubliable corrida en hommage à Ginés Cartagena, Diego Ventura prend part à son premier paseo nîmois, un soir de Pentecôte, dans le cadre d’une course portugaise.
Ce Dimanche de Pentecôte, 23 mai 1999, sous la voûte étoilée d’une belle nuit de feria, le cavalier natif de Lisbonne retient déjà l’attention des observateurs face aux toros de Luis Terrón. Programmé aux côtés de Patricia Pellen, Rui Fernandes, Marie-Pierre Callet et Vasco Taborda jr, Ventura effectue une première vuelta à l’issue d’une faena rythmée, avant d’écouter une ovation pour sa prestation en duo avec Rui Fernandes. Cette corrida portugaise demeure à ce jour l’unique course de ce genre toréée à Nîmes par le plus andalou des cavaliers lusitaniens…
Le dimanche 16 février, sous la Bulle des arènes de Nîmes, en matinée, Diego Ventura prend part à sa première corrida de rejón dans l’amphithéâtre d’hiver… Partageant l’affiche avec João Salgueiro et Andy Cartagena, le torero à cheval portugais excelle devant son second toro de la Condessa de Sobral dont il ravit les deux oreilles, s’octroyant ainsi sa première et unique sortie en triomphe par la Porte des cuadrillas. Car à partir de 2008, Diego Ventura va faire de la Porte nîmoise des Consuls l’une de ses conquêtes préférées…
Le 28 mai 2007, Lundi de Pentecôte, aux côtés de Marie Sara et de Leonardo Hernández fils, Diego Ventura doit se « contenter » des deux pavillons de son premier toro de Pedro y Verónica Gutiérrez. Vexé d’échouer à une bride d’un troisième trophée lors de sa seconde faena, il refuse la sortie en triomphe. Comme à Séville avec la Porte du Prince, un triomphe nîmois n’a de sens que s’il s’achève sous l’arche de la Porte des Consuls…
Lundi 12 mai 2008, fin de matinée sur l’amphithéâtre nîmois. Álvaro Montes vient confirmer son alternative des mains de Diego Ventura, en présence de Leonardo Hernández fils. Face à d’excellents toros de San Pelayo, le cavaleiro ne laisse aucune place au doute et signe une partition remarquable de rejoneo, récompensée d’un total de trois oreilles. La Porte des Consuls s’ouvre à lui une première fois…
Un an plus tard, toujours le Lundi de Pentecôte, 1er juin 2009, le lot de Fermín Bohórquez ne donne pas le jeu escompté et Diego Ventura doit se contenter d’un seul trophée, aux côtés d’Andy Cartagena et Leonardo Hernández fils. Le scénario se répète en 2011, avec un cartel identique… Il faudra attendre le lundi 20 mai 2013 pour assister à l’une des plus grandes productions du centaure de Lisbonne, programmé avec Pablo Hermoso de Mendoza et João Moura fils. Face à un lot exceptionnel de Fermín Bohórquez, Ventura torée sur un nuage jusqu’à obtenir quatre oreilles et une queue. Il est des Portes des Consuls qui ont plus de saveurs que d’autres…
Répété à la Feria des Vendanges, le 14 septembre 2013, Diego Ventura est le témoin d’alternative de Léa Vicens, sous le parrainage du maestro Paco Ojeda, idole absolue des arènes de Nîmes. Trois nouvelles oreilles et une queue viennent ponctuer la partition époustouflante de rejoneo de Ventura, qui obtient sa troisième sortie en triomphe par la Grande porte nîmoise.
Après avoir ravi un pavillon à un toro de San Pelayo lors de l’édition 2014 de la Feria de Pentecôte, Diego Ventura revient une année plus tard, pour la corrida équestre du Lundi de Pentecôte face à un lot excellent de Fermín Bohórquez. Le cavalier luso-andalou répète sa performance hors-du-commun de la Pentecôte 2013 en ravissant un total de quatre oreilles et une queue… Cette corrida de rejón reste à ce jour comme l’une des plus brillantes qu’aient connue les arènes de Nîmes au cours de la dernière décennie. Diego Ventura et Léa Vicens ouvrent en duo la Porte des Consuls, Andy Cartagena repart à pied de l’amphithéâtre, non sans avoir excellé devant le 4e toro de la matinée, dépossédé de ses deux oreilles.
Le samedi 19 septembre 2015, Diego Ventura torée ce qui demeure à ce jour sa dernière corrida sur le sable nîmois. Il officie dans le cadre d’un cartel spécial, créé par Simon Casas l’année précédente, avec un mano a mano entre numéros 1 : un n°1 de la tauromachie à pied, confronté à 3 toros, défie un n°1 de la tauromachie équestre, lui aussi confronté à 3 toros. Cette course matinale se solde encore par une Porte des Consuls pour Diego Ventura, sublime d’adresse et de technicité face aux toros de Fernando Sampedro. Trois oreilles ponctuent sa partition de rejoneo alors qu’El Juli doit se contenter d’applaudissements.
Le samedi 16 septembre 2023, nul doute que les retrouvailles nîmoises de Diego Ventura seront un grand événement de cette fin de temporada. Pour sa 11e corrida nîmoise – 12e en comptant sa première course portugaise –, Diego Ventura veut encore écrire de belles et grandes pages de rejoneo face à l’un des élevages qui lui a le plus réussi dans l’amphithéâtre romain : Fermín Bohórquez. Il y retrouvera Léa Vicens dans le cadre d’un mano a mano fort spectaculaire. Une première entre ces deux as du rejoneo…
Jubilation du rejoneo de Diego Ventura le 19 septembre 2015 aux arènes de Nîmes, une piste associée à de nombreux triomphes depuis 1999 (crédit photo : Anthony Maurin).