Le nom d’Alejandro Talavante apparaît pour la première fois sur un cartel français lors d’une novillada donnée à Samadet (Landes), le 1er février 2004. Pour ses débuts en novillada formelle, le natif de Badajoz, tout juste âgé de 16 ans, apparaît d’abord bien frêle aux côtés des novilleros punteros que sont à l’époque Manuel Escribano et Antonio Caro Gil. Pourtant, Alejandro Talavante marque ce jour-là les esprits par l’impact de sa tauromachie face aux novillos de Capea, manquant le triomphe du fait d’un maniement de l’épée insuffisamment assuré. Deux vueltas saluent ses prestations…
Charmés par cette « première », les organisateurs du Sud-Ouest le reprogrammeront à deux reprises : tout d’abord à Captieux (Gironde), le 6 juin 2004, face à un lot de novillos de Sánchez-Arjona. Maître de son sujet, Talavante coupe deux pavillons à l’issue de sa première faena et triomphe au côté de l’expérimenté Salvador Cortés, dans un cartel complété par le futur leader de l’Escalafón, Juan Ávila. Un mois plus tard, c’est au tour de Villeneuve-de-Marsan (Landes) de présenter le jeune prodige lors d’un mini mano a mano complété par le longiligne novillero cordouan, José Luis Torres. Un nouveau trophée récompense la singularité du novillero extremeño.
En 2005, Alejandro Talavante connaîtra les affres de la blessure : le 6 août, à Soustons (Landes), il tombe sous la corne d’un novillo de Pablo Mayoral, qu’estoquera finalement Alberto Aguilar. Sergio Serrano, qui complète ce jour-là le cartel, coupe l’oreille de ses deux adversaires et sort en triomphe. Mais c’est l’année suivante, lors de la temporada 2006, qu’Alejandro Talavante devient un véritable phénomène.
À l’issue d’une présentation madrilène prometteuse, le 25 mars à Las Ventas, Talavante est répété lors de la San Isidro. La partition de toreo qu’il orchestre ce 24 mai bouleverse totalement l’auditoire de la capitale espagnole… La Grande porte ne s’ouvre pas car l’épée… toujours l’épée… mais l’impact est si grand qu’on parle à nouveau d’un novillero avec l’emphase qui porta les Jesulín, Chamaco et autres Finito sur les cimes d’un spectacle populaire et réjouissant.
Simon Casas est le premier à réagir… Ses cartels de la Pentecôte ont déjà été publiés mais Talavante est le phénomène du moment : il doit venir à Nîmes ! Le téléphone sonne, on réécrit des cartels et on propose un spectacle supplémentaire pour permettre à Alejandro Talavante d’effectuer sa présentation dans le Sud-Est français. La Cape d’or, déclarée desierta lors de la novillada de l’Ascension, est remise en jeu pour cette nouvelle course du 2 juin 2006, en matinée. Ce coup n’est pas le premier de Simon Casas en la matière : quelques semaines plus tôt, il avait proposé à Enrique Ponce d’intégrer le cartel matinal de la corrida de l’art du Dimanche de Pentecôte. Après deux faenas sublimes, il était inconcevable que le maestro de Chiva fasse l’impasse sur Nîmes : le voilà donc à la tête d’un « cartel de 4 », aux côtés de Javier Conde, Morante De La Puebla et la présentation en France du novillero vedette, Cayetano Rivera Ordóñez… Excusez du peu !
Le vendredi 2 juin, vêtu d’un costume parme & or – sa couleur fétiche de l’époque –, Alejandro Talavante prend part à son premier paseo nîmois. Il est devancé par la rejoneadora Marie Sara, qui lidie à cheval un novillo de Carmen Lorenzo. Les deux autres apprentis-toreros à l’affiche sont Mehdi Savalli, alors n°1 français et novillero puntero à l’Escalafón, ainsi que le prometteur Alfonso Oliva Soto, neveu du regretté banderillero Ramón Soto Vargas, tué en piste à Séville le 13 septembre 1992.
Face aux novillos de José Vázquez, Alejandro Talavante ne fait pas dans la demi-mesure et donne rapidement le « la » à ses compagnons d’affiche. Par son toreo hiératique, le novillero extremeño conquiert le cœur de l’afición nîmoise, qui en oublie presque ses conclusions malheureuses avec l’épée… Sans cela, Talavante serait certainement reparti des arènes sur les épaules de ses admirateurs. Deux saluts, l’un au tiers et l’autre au centres, viennent signer une présentation nîmoise réussie pour Talavante, qui empoche au passage la Cape d’or remise en jeu par la peña Antonio Ordóñez, et ce, malgré l’unique oreille de la matinée accordée à Mehdi Savalli. L’histoire nîmoise d’Alejandro Talavante peut dès lors commencer…
À suivre…
Premier paseo aux arènes de Nîmes pour le novillero Alejandro Talavante, le vendredi 2 juin 2006 (crédit photo : Christophe Chay).