HISTOIRE DES TOREROS DE NÎMES : ANDRÉS ROCA REY A FRANCHI UN CAP


Andrés Roca Rey est le 27e torero de l’Histoire à avoir été sacré matador de toros sur le sable des arènes de Nîmes, le samedi 19 septembre 2015 à 17h47. Avant cette date, le natif de Lima n’avait jamais foulé la piste gardoise depuis ses débuts français du 1er juin 2014 à Captieux. Béziers et Bayonne furent les deux seules arènes françaises de 1e catégorie à programmer le novillero péruvien, à deux et une reprise respectivement. Au total, Andrés Roca Rey a toréé 14 novilladas dans notre pays avant son doctorat nîmois.

 

Tarde d’importance que celle de la première corrida d’Andrés Roca Rey, sacré matador de toros dans un costume pétale de rose et or, des mains d’Enrique Ponce, sous le regard de Juan Bautista. Le toro de la cérémonie, « Poco Sol », n°8, tostado, de Victoriano del Río, permet au torero sud-américain de déployer une tauromachie fleurie de fort bon goût. Une épée entière foudroyante, précédée d’une conclusion impressionnante par luquecinas, font tomber le premier mouchoir de l’après-midi entre les mains du président Laurent Burgoa. Une autre oreille vient récompenser sa seconde faena, à l’issue d’une corrida qui aura duré plus de trois heures. Le second adversaire de Roca Rey, un toro de Juan Pedro Domecq, doit être changé lors du premier tiers alors qu’il vient de s’abîmer l’antérieur droit. Dommage, le torero péruvien venait d’enflammer les arènes par une extraordinaire réception capotera par gaoneras, saltilleras puis une larga agenouillée au centre de la piste. Public debout, la musique joue, mais hélas place doit être faite au sobrero…

 

Le toro de réserve de Victoriano del Río va tenir son rang et permettre à Roca Rey, par sa fixité à la muleta, à ciseler une faena de mérite. Une nouvelle épée entière libère une autre oreille, synonyme de sortie en triomphe par la Porte des cuadrillas. Avec trois pavillons chacun, Ponce et Bautista s’envolent vers celle des Consuls… L’année suivante, Roca Rey est programmé avec Sébastien Castella et Miguel Ángel Perera lors de la corrida de clôture de la Feria de Pentecôte. Las, le manque d’étincelle des toros de Daniel Ruiz fait plafonner le bilan du torero péruvien à un simple salut…

 

Pour la Pentecôte 2017, Andrés Roca Rey est le témoin de confirmation d’alternative de Javier Jiménez, parrainé par Enrique Ponce. En ce dimanche matin de Pentecôte, les toros de Victoriano del Río n’aident pas le matador sud-américain à afficher le meilleur visage de sa tauromachie. Applaudi à l’issue de sa première faena, Roca Rey manque d’inspiration…

 

Les muses nîmoises du toreo reviendront entre les mains du torero péruvien l’année suivante. Le dimanche 20 mai 2018, après-midi de la Pentecôte, Andrés Roca Rey participe à la corrida d’adieux de Juan José Padilla au public de l’amphithéâtre romain. Au côté de José María Manzanares, le Péruvien coupe l’oreille de son premier toro de Núñez del Cuvillo, le noble « Majoleto », à l’issue d’une faena soignée sur le côté gauche.

 

Un peu plus d’un an plus tard, le dimanche 5 juin 2019, Andrés Roca Rey défie l’un de ses aînés, Sébastien Castella, en mano a mano. Toutefois, la rencontre tourne court en raison du manque de caractère des toros de Juan Pedro Domecq. Le torero péruvien, qui dédiera son ultime adversaire à Castella, doit se contenter d’une oreille lors de sa deuxième faena. Un manque général d’intensité qui tranche avec l’investissement du public qui avait rempli ce Dimanche de Pentecôte les arènes de Nîmes jusqu’à afficher le « no hay billetes » aux guichets de la rue de la Violette.

 

Passée la parenthèse de la pandémie mondiale due à la crise sanitaire du Covid-19, Andrés Roca Rey revient pour la première fois depuis son alternative dans la programmation de la Feria des Vendanges. Ce dimanche 19 septembre 2021, le natif de Lima est le parrain de confirmation d’alternative de son rival et compatriote, Joaquín Galdós. Face aux toros de Victoriano del Río, les deux toreros péruviens rivalisent d’audace sans pour autant atteindre les cimes de leur talent. Une oreille récompense la ténacité du travail de Roca Rey face à un 4e toro maniable mais inconstant dans ses assauts à la muleta.

 

Il faudra donc attendre ce samedi 4 juin 2022 pour voir Andrés Roca Rey franchir en triomphe la Porte des Consuls pour la première fois de sa carrière. Face aux toros de García Jiménez, le Péruvien est le témoin de la confirmation d’alternative d’Alejandro Marcos, parrainé par José María Manzanares fils. Héritant du lot présentant le plus de qualités, Andrés Roca Rey ne laisse pas passer une telle occasion. Une première oreille tombe du balcon présidentiel à l’issue d’une faena idéalement tracée devant le 3e toro de l’après-midi. Face à « Mamarracho », 5e exemplaire de la course, Roca Rey passe la vitesse supérieure, livrant un début de faena enjoué, genoux en terre… Toréant avec aisance, maîtrise et profondeur, le matador sud-américain coupe pour la première fois deux oreilles à un seul et même toro aux arènes de Nîmes. Un triomphe de clameur devenu réalité après le port d’une épée légèrement en arrière. Vêtu de parme et noir, Roca Rey peut exulter, il devient un Consul nîmois !

 

Répété lors de la Feria des Vendanges, le torero péruvien est le témoin de confirmation d’alternative du jeune Mexicain Isaac Fonseca, parrainé par Juan Leal. Lors d’une course marquée par la note tragique de la double blessure du matador de toros français, Andrés Roca Rey joue sa partition à la perfection, offrant même l’une de ses faenas à son infortuné compagnon, parti vers l’infirmerie. Cet après-midi-là, les toros de Victoriano del Río expriment un tempérament d’agressivité différent de celui ressenti lors d’autres corridas… Roca Rey coupe l’oreille de « Cantaor », 4e toro de la course, qui avait envoyé Juan Leal une seconde fois à l’infirmerie des arènes…

 

Un torero français qu’Andrés Roca Rey retrouvera avec bonheur le samedi 27 mai 2023, au côté de Sébastien Castella pour une nouvelle corrida de « no hay billetes ». Les toros de Victoriano del Río sont toujours à l’affiche et Andrés Roca Rey est au sommet de son art. Après une première faena frustrée à l’épée, le matador sud-américain trouve l’accord idéal face à « Manisera », l’ultime toro de l’après-midi. Deux pavillons viennent récompenser un travail intense sur la courte distance, faisant la nique à ses deux aînés français, adeptes de ces terrains rapprochés.

 

Ce samedi 16 septembre 2023, Andrés Roca Rey participera à la dixième corrida de sa jeune carrière aux arènes de Nîmes dans un cartel-phare. Opposé aux toros de Victoriano del Río, il rivalisera d’adresse et d’audace avec son ami Thomas Dufau, lors de la dernière corrida de la carrière du torero landais, dans un cartel complété par une autre vedette de la tauromachie, Alejandro Talavante. Tarde à émotion(s) et à sensation(s) en perspective…

 

La joie d’Andrés Roca Rey, quelques secondes avant de franchir en triomphe la Porte des Consuls pour la première fois de sa carrière, le samedi 4 juin 2022 aux arènes de Nîmes (crédit photo : Anthony Maurin).