HISTOIRE DES TOREROS DE NÎMES : ALEJANDRO TALAVANTE, CHAPITRE 4/4


Sept ans après sa confirmation d’alternative nîmoise, Alejandro Talavante participe à sa onzième corrida dans l’amphithéâtre gardois. C’est un événement rare et exceptionnel qui se déroule à Nîmes avec la tenue d’une corrida de compétition, organisée au profit de l’Union espagnole des toreros. Le cartel est à 85% espagnol, composé par El Juli, José María Manzanares fils, Miguel Ángel Perera, Jiménez Fortes et complété par l’Arlésien établi en Andalousie, Juan Leal. Chaque matador est confronté à un toro issu d’un élevage différent, ne disposant ainsi que d’une seule « cartouche » pour triompher… Un type de cartel particulier qui a ouvert, en son temps, certaines ferias de Séville.

 

À Nîmes, ce vendredi 13 septembre 2013, les plus superstitieux lorgnent sur la date avec interrogation. Vêtu de violet et noir, Alejandro Talavante est peu inspiré par le manque de jeu du toro de Zalduendo sorti en 4e position. À l’issue de la course, une seule oreille figure dans les esportones d’El Juli, Jiménez Fortes et Juan Leal, répété après sa brillante alternative de la dernière Pentecôte.

 

Absent de la piste nîmoise en 2014, Alejandro Talavante va entrer dans une seconde phase au niveau de la quête de son toreo… À la recherche d’un nouveau souffle et d’une approche renouvelée en termes de sitio, le torero extremeño va donner l’impression de rentrer dans le rang même s’il gratifiera le public de faenas toujours autant différentes que singulières. Le samedi 23 mai 2015, Talavante est de retour à Nîmes pour lidier une corrida de Núñez del Cuvillo, l’un de ses fers de prédilection, aux côtés d’El Fandi et de José María Manzanares fils. Une fois encore, le public fait silence à l’issue des deux faenas dessinées par le natif de Badajoz, trahi par le manque de fond de son lot…

 

Le dimanche 18 septembre 2016 marque un petit événement dans l’histoire nîmoise d’Alejandro Talavante avec l’acceptation d’une première sortie en triomphe par la Porte des cuadrillas. Parrain d’alternative du jeune torero mexicain Luis David Adame, Alejandro Talavante livre la meilleure version de son toreo en coupant les deux oreilles du 2e toro de l’après-midi, un bon « Palmero », de Núñez del Cuvillo… De l’entame, genoux en terre, jusqu’à la série de naturelles donnée avec temple et « détachement », Talavante fait du grand Talavante, manoletinas à l’appui, composant une œuvre d’une grande intensité, parachevée d’une belle épée. Le Porte des Consuls restera hélas fermée après que Talavante eut rencontré le pire Cuvillo de la tarde

 

L’espoir d’un grand triomphe nîmois revient donc dans l’esprit des talavantistas ! L’année suivante, le matador de toros extremeño officie en tant que témoin d’alternative d’Andy Younès. Las, son lot de Núñez del Cuvillo et Garcigrande est dépourvu de qualités. Vêtu de noir et azabache noir, Alejandro Talavante porte le deuil d’un improbable succès… Ça sera sa dernière corrida nîmoise avant l’annonce de son retrait de la profession, le 14 octobre 2018, à la suite d’une brillante prestation à Saragosse.

 

Après une réapparition d’un jour, en 2021, Alejandro Talavante revient dans le circuit des grandes ferias lors de la temporada 2022. Nîmes le retrouve dans toute sa splendeur lors de sa quinzième corrida sur nos terres, le lundi 6 juin 2022, face à deux toros de Cortés. Après avoir gâché à l’épée une première faena prometteuse, Alejandro Talavante laisse libre cours à son inspiration et dessine sous le mufle de « Bolero » une œuvre mémorable. Comme lors des Vendanges 2016, le torero originaire de Badajoz capte l’attention du public par l’aguante de ses muletazos agenouillés, avant d’atteindre un haut niveau de profondeur par la qualité du tracé de ses naturelles. Le temple est à nouveau au rendez-vous et les spectateurs chavirent avec le toro après le port d’une épée entière. Deux oreilles tombent du balcon présidentiel, permettant la deuxième sortie en triomphe nîmoise de Talavante par la Porte des cuadrillas, dans cette course complétée par El Juli et Tomás Rufo, fort inspiré pour sa confirmation d’alternative.

 

En mai dernier, lors de la corrida du Dimanche de Pentecôte, l’épée ôte à nouveau un succès plus important à Alejandro Talavante. Dommage, car la qualité des toros de Núñez del Cuvillo avait permis au torero espagnol de se hisser à la hauteur de ses compagnons d’affiche, Morante De La Puebla et José María Manzanares fils. Cet après-midi, Talavante fait la différence par la solennité de ses passes statuaires, jouant des cambios et des arrucinas l’envi. Le toro passe très près, l’émotion monte d’un cran… Devant l’ultime toro de la corrida, « Berlanguillo », les changements de mains décrivent un toreo subtil et maîtrisé, malheureusement altéré par deux pinchazos. Une seule oreille récompensera le caractère génial et inconstant de l’œuvre de Talavante.

 

Ce samedi 16 septembre, Alejandro Talavante retrouvera les arènes de Nîmes pour la seconde fois de la temporada 2023. Il y retrouvera l’élevage de ses débuts dans cette piste, Victoriano del Río, également associé à de grands succès. À ses côtés, Thomas Dufau et Andrés Roca Rey lui donneront une répartie de choix au cœur de l’une des corridas les plus attendue en cette fin de temporada…

 

Naturelle sans fin d’Alejandro Talavante face au 2e toro de la corrida de Núñez del Cuvillo, le dimanche 18 septembre 2016 aux arènes de Nîmes (crédit photo : Anthony Maurin).