Nul n’a oublié la journée historique du vendredi 18 septembre 1998 aux arènes de Nîmes, lorsque José María Manzanares a sacré El Juli matador de toros, sous le regard de José Ortega Cano. Le toro de la cérémonie s’appelait « Endiosado », premier exemplaire d’un lot envoyé par l’éleveur Daniel Ruiz depuis les pâturages du Cortijo del Campo, à Alcaraz y Vianos (Albacete). Une corrida exceptionnelle qui marquait les débuts de cette ganadería dans l’amphithéâtre romain.
Ce samedi, le monde taurin s’est réveillé en apprenant la terrible nouvelle du décès de Daniel Ruiz, à l’hôpital d’Albacete, conséquence d’un infarctus du myocarde. Le célèbre éleveur, âgé de 72 ans, s’était évanoui sur le chemin du retour de Castellón de la Plana, à Almansa (Albacete), dans le véhicule qu’il empruntait avec son fils et le mayoral de l’élevage. Le ganadero espagnol rentrait de la corrida où deux de ses toros avaient été lidiés par El Juli et José María Manzanares fils.
Natif de Vianos (Albacete), Daniel Ruiz avait débuté le métier d’éleveur, par héritage familial, dans les années 70, avec du bétail d’origine Coquilla et Galache. En 1986, il avait initié un profond changement en choisissant de refonder son élevage à partir de sang d’origine Domecq, via des produits de Jandila. Un choix qui s’allait avérer judicieux sur le long terme, son fer devenant l’un des préférés des toreros vedettes. Ainsi, cinq après l’alternative nîmoise d’El Juli, l’élevage de Daniel Ruiz fut choisi pour la première corrida de José María Manzanares fils, lors de l’édition 2003 de la Feria d’Alicante.
Les toros porteurs de la devise verte et jaune ont fréquemment foulé le sable des arènes de Nîmes au cours du dernier quart de siècle. Outre la fameuse corrida d’alternative d’El Juli, on dénombre 4 corridas complètes présentées dans la capitale gardoise entre 2008 et 2016. Après le 18 septembre 1998, le fer de Daniel Ruiz revint dans nos arènes lors du premier « 1 contre 6 » d’El Juli, le 21 mai 1999, avec un exemplaire lidié en 3e position. Le 19 septembre 2008, c’est face à ces toros qu’El Juli signa l’un de ses grands après-midis nîmois, lors d’un « 1 contre 6 » pour l’Histoire, 7 oreilles et une queue à clé, avec la vuelta posthume du 6e toro, baptisé « Mamarracho ». Quatre ans plus tard, la ganadería albaceteña fut le témoin de la fameuse corrida qui suivit l’encerrona de José Tomás, le dimanche 16 septembre 2012, avec trois oreilles ravies par Sébastien Castella contre deux au Juli, confrontés en mano a mano.
Un élevage indissociable de la carrière d’El Juli qui revint à Nîmes lors de la corrida de bienfaisance organisée le 13 septembre 2013. La dernière course lidiée à Nîmes remonte au Lundi de Pentecôte 2016, un 16 mai, avec une faena exceptionnelle de Miguel Ángel Perera, primée des deux oreilles du 5e toro. Interrogé par l’agence Mundotoro, Julián López « El Juli » a réagi au décès du ganadero dont il était l’ami : « c’est un amoureux du torero qui nous quitte et un passionné du campo comme il y en a peu ».
Les funérailles de Daniel Ruiz seront célébrées demain dimanche 19 mars au cimetière de sa cité natale. L’équipe de SCP France adresse ses plus sincères condoléances à la famille ainsi qu’aux proches du ganadero.
Le ganadero Daniel Ruiz nous a quittés (crédit photo : DR).