Les arènes de Nîmes seront le théâtre de la dernière corrida de la carrière de Thomas Dufau, matador de toros natif de Mont-de-Marsan, aujourd’hui âgé de 32 ans, mais dont la vie et la carrière taurine sont également indissociables de la capitale gardoise. Pendant de longues années, c’est un célèbre valet d’épées nîmois qui a accompagné le longiligne torero landais dans toutes les arènes où il a officié, depuis ses débuts en novilladas sans picadors. Son apoderado, compagnon de route pendant de longues temporadas, des deux côtés de l’Atlantique, est également nîmois, en la personne de Jean-François Pilès. Plus de 100 corridas au compteur après son alternative montoise, sur ses terres du Plumaçon, le 15 juillet 2011, des mains d’El Juli, en présence de Daniel Luque, face au toro « Vario Pinto », de Garcigrande, Thomas Dufau a choisi de mettre un point final à sa carrière de torero.
Des adieux qui auront pour cadre les arènes de Nîmes, une piste où le torero landais aura connu des triomphes significatifs en novilladas comme en corridas. La trajectoire nîmoise de Thomas Dufau, vêtu de lumières, débute le vendredi 18 septembre 2009, lors de la Feria des Vendanges, aux côtés de Pablo Lechuga et Patrick Oliver. Opposé à un excellent novillo de La Quinta, crédité d’une vuelta posthume, « Capacorta », le novillero landais fait valoir la densité de sa technique muletera. Deux oreilles coupées lui permettent de sortir en triomphe par la Porte des cuadrillas…
Répété lors de la novillada du Jeudi de l’Ascension, le 13 mai 2010, Thomas Dufau doit se contenter d’un salut au tiers face à un lot de Jalabert et Blohorn, dans un cartel 100% tricolore complété par Patrick Oliver et Thomas Joubert. À quelques semaines de son alternative, le Montois ravit un pavillon d’un novillo d’Enrique Ponce à l’issue d’une prestation à la fois sérieuse et cadencée. Ce 10 juin 2011, David Galván et Fernando Adrián sont ses compagnons d’affiche.
Quelques mois plus tard, une fois l’alternative passée, c’est le dimanche 18 septembre 2011 que Thomas Dufau va pleinement entrer dans les esprits nîmois en y signant son triomphe le plus probant. En cette pluvieuse matinée de la Feria des Vendanges, le matador landais vient confirmer son alternative dans un cartel de prestige, parrainé par Javier Conde et sous le regard d’un certain José Tomás. S’il ne se passe rien face au toro de la cérémonie, « Inventor », de Parladé, les choses vont changer devant le 6e exemplaire, l’excellent « Zurrapelo », porteur du fer de Jandilla, qui sera honoré d’un mouchoir bleu.
Transfiguré par les qualités de son toro, Thomas Dufau hausse son niveau de toreo, proposant des muletazos à la fois bas et cadencés. Une faena soutenue par la musique et le public, ce dernier restant pourtant sous l’impact des deux précédentes œuvres de José Tomás, déjà assuré d’une sortie en triomphe par la Porte des Consuls. Auteur d’un coup d’épée exceptionnel, le torero montois parachève idéalement sa faena et récolte deux oreilles de poids. Même s’il ne peut franchir la Porte des Consuls – en raison d’un nombre insuffisant de trophées –, Thomas Dufau effectue une vuelta en triomphe au côté de José Tomás ; un moment inoubliable pour le matador montois, immortalisé par de nombreux objectifs photographiques.
Un triomphe qui vaudra à Thomas Dufau une répétition dans une corrida du matin lors de la Feria de Pentecôte suivante. Le dimanche 27 mai 2012, le matador landais partage l’affiche avec David Mora et Daniel Luque dans un autre cartel de prestige. Las, son lot de Zalduendo pêche par manque de transmission et Thomas Dufau doit se contenter d’un simple salut au tiers lors de sa seconde prestation.
Deux ans plus tard, c’est face à la caste des toros d’Alcurrucén que le torero français vient ouvrir la Feria de Pentecôte. Ce jeudi 5 juin 2014, aux côtés de Javier Castaño et Joselito Adame, il signe la faena la plus complète de la journée et se voit attribuer une oreille d’importance devant le 6e exemplaire de la corrida. Quatre ans plus tard, il se mettra encore en évidence, le vendredi 18 mai 2018, pour le retour des toros de Partido de Resina à Nîmes, en effectuant une vuelta. Cette corrida marquera son unique rencontre avec les fameux pablorromeros…
De bons résultats qui permettent à Thomas Dufau d’être répété l’année suivante en ouverture de la Feria de Pentecôte face à un lot de toros d’excellente note. Ce vendredi 7 juin 2019, l’élevage d’El Torero lidie à Nîmes ce qui sera ensuite considéré comme l’un des lots de toros les plus complets de la temporada. Les matadors français Thomas Joubert et Andy Younès – venu pallier le forfait sur blessure de Juan Leal – complètent cette affiche bleu-blanc-rouge. Héritant d’un extraordinaire 2e toro, « Pargo », honoré d’une vuelta posthume, Thomas Dufau cisèle la meilleure faena de la course. Varié avec la cape et dense muleta en main, le torero landais fait valoir sa maîtrise technique face à la caste des braves toros de Lola Domecq. Après avoir dédié sa première faena au footballeur nîmois Renaud Ripart, Thomas Dufau est récompensé par l’unique trophée de cette journée.
Plus de quatre ans après son dernier paseo nîmois, Thomas Dufau reviendra ce samedi 16 septembre 2023 dans l’amphithéâtre romain pour la dernière corrida de sa carrière. Un moment poignant qu’il partagera avec Alejandro Talavante, matador vedette avec lequel il a déjà officié, quelques jours après son alternative, toujours à Mont-de-Marsan, le 21 juillet 2012. C’est l’un des meilleurs amis de Thomas Dufau, Andrés Roca Rey, actuel n°1 mondial des matadors, qui complètera cette affiche si importante pour le torero landais. Une corrida qui marquera également l’unique paseo en commun entre le matador français et le torero péruvien. Une tarde incontournable de la prochaine Feria des Vendanges, arbitrée par les toros de Victoriano del Río, qui sera sans nul doute riche en gestes, en symboles et en émotions…
José Tomás et Thomas Dufau réunis dans le triomphe à l’issue de la corrida du dimanche 18 septembre 2011 aux arènes de Nîmes (crédit photo : Jean-Claude Carbonne).
