Enrique Patón avait une « gueule » et un physique qui impose naturellement le respect. Sous les traits de son visage buriné par les soleils de longs après-midis de toros se dissimulait le regard toujours acéré du torero qu’il fut. En contre-piste comme dans les coulisses des arènes, dans le hall d’un hôtel taurin comme au campo, sa silhouette était reconnaissable entre mille, tout autant que sa voix.
C’est à l’âge de 77 ans qu’Enrique Patón a rendu son dernier souffle de vie, sur ses terres barcelonaises, lui qui avait été l’un des noms importants des toreros catalans des années 70. Matador de toros natif de Figueras, il fut notamment un acteur majeur de la programmation taurine de la Monumental de Barcelone, partageant l’affiche avec les vedettes les plus prestigieuses de l’Escalafón. C’est d’ailleurs sur le sable barcelonais que Patón avait pris l’alternative le 3 septembre 1967 des mains d’Antonio Borrero « Chamaco » père, en présence de Francisco Rivera « Paquirri » et du rejoneador Álvaro Domecq père. Une Monumental qui fut le témoin, dix ans plus tard, de son retrait des pistes après une carrière marquée par la participation à de nombreuses corridas face à des élevages de grande responsabilité dans les arènes autres que sa Catalogne natale… Madrid le vit également sortir en triomphe des arènes de Las Ventas en 1966, lors de son parcours de novillero.
Passé de l’autre côté de la barrière, Enrique Patón devint un impresario de premier ordre, formant un grand tandem avec Simon Casas notamment dans de nombreuses arènes espagnoles comme Castellón de la Plana. Une association professionnelle qui connut son apogée au début des années 90, avec la participation à de nombreux concours d’adjudication, comme ceux de Madrid et Saragosse, sans oublier Vinaroz (Castellón), associé à Roberto Espinosa. Casas, Patón, Espinosa, trois noms intimement liés dans l’organisation des ferias et le management de toreros de prestige dès la fin des années 80…
Ainsi, Enrique Patón fut le co-apoderado de plusieurs figuras qui firent les beaux jours des Ferias de Nîmes comme Dámaso González, Emilio Muñoz, Manolo Montoliú ou plus récemment Matías Tejela. La société SCP France adresse ses sincères condoléances à la famille d’Enrique Patón ainsi qu’à toutes les personnes touchées par ce deuil.
Enrique Patón ; un géant s’en est allé (crédit photo : Aplausos.es).