À la mi-septembre, des photographies géantes de Christian Montcouquiol « Nimeño », œuvres de l’académicien Lucien Clergue et de Michel Pradel, ont fleuri sur les grilles des arènes de Nîmes. Des témoignages visuels, en noir et blanc, de moments importants de la carrière de l’un des plus grands maestros français de l’Histoire. Un enfant de Nîmes (re)visité côté piste et côté coulisses.
Entre 1975 et 1989, Christian Montcouquiol « Nimeño II » a participé à 29 corridas et 6 novilladas sur le sable de ses arènes de Nîmes. Un amphithéâtre romain qu’il a marqué de son empreinte par l’ampleur de ses triomphes, la densité de ses rencontres avec les plus grands toreros du dernier quart du XXe siècle et l’impact de son toreo, puissant, sincère et sacrificiel, devant les élevages les plus réputés mais aussi les plus redoutables. L’ultime après-midi nîmois de Christian, 14 mai 1989, Dimanche de Pentecôte, demeure dans les annales comme l’une des plus grandes corridas vécues aux arènes de Nîmes, dans un « 1 contre 6 » improvisé face aux toros de la maison Guardiola.
Des scènes taurines mises en lumières au travers de l’exposition « Nimeño II, une passion taurine », proposée par la Ville de Nîmes ainsi qu’au travers de l’hommage qui a été rendu ce jeudi midi sur le parvis des arènes. Dans l’édition du mercredi 24 novembre 2021 de Midi Libre, Simon Casas s’est souvenu, lui aussi, de celui qui débuta à Nîmes, le soir de sa propre alternative : « j’ai pris l’alternative le 16 mai 1975 à Nîmes et je me suis retiré du toreo le soir même. Je suis rentré sur la grande scène pour en ressortir immédiatement. Ce même jour, en nocturne, Nimeño II débutait en novillada piquée dans un cartel avec Esplá. Une anecdote symbolise tout. J’étais à l’Imperator où il avait une portée d’entrée à tambours. Au moment où je revenais à l’hôtel le soir, Christian est sorti au même moment en costume de lumières pour se rendre aux arènes. Il n’y avait pas encore triomphé mais je savais qu’il y parviendrait. J’en avais l’intuition et j’ai pensé : « dans cette porte à tambours, c’est le temps et le destin qui passent ». Il a été le premier matador français à jouir d’une reconnaissance du public par son talent et son courage. La décennie auparavant, nous étions une génération dont j’étais le leader avec son frère Alain qu’on appelait « le mouvement des toreros français ». Nous étions des gamins qui avaient pour passion la tauromachie mais on nous répétait que pour être torero il fallait du sang espagnol et personne ne nous programmait. C’était un mouvement révolutionnaire car nous étions les héritiers d’une passion, d’une vocation et nous n’avions pas de place. Nimeño II a été le premier et il a sa statue devant les arènes de Nîmes. Depuis, nous avons eu de grands éleveurs, toreros et impresarios car la force de la passion, rien ne l’arrête ».
Portrait de Christian Montcouquiol « Nimeño II » dans le patio de cuadrillas des arènes de Nîmes (crédit photo : œuvre de Michel Pradel pour l’exposition « Nimeño II, une passion taurine).