TEMPORADA : EL CID ET ROMÁN SE DISTINGUENT A MANIZALES


Il est des moments qui transfigurent le profil d’une course. Des instants précieux où hommes et toros se fondent en un accord quasi-parfait, communiant avec le public au cœur d’une création artistique unique. Ce fut le cas lors de la corrida célébrée le 7 janvier dernier, qui a vu le Colombien Juan Sebastián Hernández est sacré matador de toros des mains d’El Cid, en présence de Román, face à un bon lot de la ganadería de Santa Bárbara, propriété de Carlos Barbero.

Au final, huit oreilles coupées, un toro gracié, les trois matadors portés en triomphe au côté de l’éleveur… Le public présent sur les gradins des arènes colombiennes de Manizales ne pouvait que manifester son bonheur à l’issue d’une corrida où les moments d’émotion furent nombreux. Véritable idole de cette arène, Manuel Jesús Cid « El Cid » n’a pas manqué ses adieux pour ce qui devrait être sa dernière corrida en habit de lumières.

Trois pavillons récoltés dans l’escarcelle du torero de Salteras, dont le niveau de toreo s’est sublimé, comme à son habitude, en prenant la main gauche. Auteur de véroniques particulièrement templées devant le 4e exemplaire de la course, El Cid s’est pleinement livré. La faena qui a suivi fut du même acabit, en prenant la mesure de son adversaire avec technique et bon goût. Les deux toros d’El Cid ont été gratifiés d’une vuelta posthume.  

Une qualité de bétail qui s’est également traduite dans le lot de Román, récompensé d’un trophée à l’issue de sa première prestation. Mais c’est devant le fameux 5e toro, « Castellano », que le matador valencian a livré les séquences les plus intenses de la course. Une rencontre idéale, illustrée par un engagement sans failles de Román face à un toro se livrant sans la moindre retenue pour une partition à la fois profonde et d’une grande richesse muletera.

L’impétrant de cette belle journée ne pouvait rêver meilleur scénario pour une telle corrida : porté en triomphe aux côtés de son parrain d’alternative, du témoin de la cérémonie et de l’éleveur du jour, Juan Sebastián Hernández n’a pas manqué ses débuts dans la catégorie supérieure, ravissant l’oreille de ses deux toros. Le benjamin du cartel a joué la note de l’émotion en proposant deux faenas au profil encimista très affirmé. Palliant son manque de technique par un engagement affirmé sur la courte distance, Hernández a gagné le respect des spectateurs. Dans les cuadrillas, les banderilleros Ricardo Santana (1er), José Luis López « Lipi » (2e), Emerson Pineda et José Calvo (4e) ont salué.

Vuelta triomphale de Román au côté de l’éleveur colombien Carlos Barbero, après la grâce du toro « Castellano » (crédit photo : Twitter Román / agence Arte & Temple).