Son sourire et sa forme longiligne hantent encore les mémoires nostalgiques des aficionados qui le virent triompher, un lundi matin de Pentecôte, lors d’un mano a mano historique avec Chamaco devant plus de 18.000 spectateurs. Nous étions en 1990, âge d’or de la Tauromachie et des novilladas où les « petits princes » étaient aussi taquilleros que les maestros des corridas de l’après-midi. A la tête de cette caste d’apprentis-toreros de génie, Jesulín de Ubrique, qui allait quelques mois plus tard être sacré matador de toros à Nîmes par José María Manzanares, en présence d’Emilio Muñoz, face à une corrida de Manolo González.
28 ans plus tard, après avoir battu à deux reprises le record du nombre de corridas toréées en une saison – dont celui détenu par Manuel Benítez « El Cordobés », détrôné en 1995 avec 161 corridas, contre 121 en 1970 au cinquième Calife de la Tauromachie – Jesulín de Ubrique officie toujours en piste, dans un registre qui intéresse plus la presse rose espagnole que les aficionados du sérail. Un torero « médiatique » comme on les appelle de l’autre côté des Pyrénées, dont les prestations tout autant que la vie privée sont scrutées avec attention. Auteur de nombreux retours en piste, Jesulín a toréé sa dernière corrida le 19 août 2018 à Cuenca – sa seule course de l’année – afin de rendre hommage à Juan José Padilla, au côté de Miguel Abellán. Résultat final : les trois matadors se partagèrent un total de six oreilles face à un lot maniable de Román Sorando avant d’être sortis en triomphe.
Un retour en piste pour Jesulín de Ubrique après six longues années éloigné des pistes, tel que cela avait été le cas en 2008 et 2009, ou encore au tout début des années 2000. Aujourd’hui âgé de 45 ans, l’un des plus célèbres toreros andalous va revenir une nouvelle fois en piste dans le cadre d’un bien nommé « cartel médiatique » : le dimanche 24 mars, à Morón de la Frontera (Séville), il partagera l’affiche avec son ancien « meilleur ennemi », Enrique Ponce, ainsi que Cayetano face à des toros d’El Torero. Objectif avoué du matador natif d’Ubrique (Cadix) : se mettre dans les meilleures dispositions en vue de la temporada 2020 pour préparer le 30e anniversaire de son alternative.
Jesús Janeiro alias « Jesulín de Ubrique » sur le plateau d’une émission de télévision espagnole (crédit téléphoto : El Nacional).