C’est une corrida pour l’Histoire à laquelle les spectateurs des arènes de Séville ont assisté ce vendredi 10 mai. En coupant un total de quatre oreilles face à un excellent lot de toros de Jandilla, Pablo Aguado est entré de plain-pied dans le cœur de l’afición de la Real Maestranza. Un coup de maître pour un grand espoir du toreo, qui s’était illustré en France lors de nombreuses novilladas et avait laissé entrevoir l’étendue de talents qui ne doivent rien au hasard.
En ravissant ces quatre pavillons lors de la dixième course de cette Feria d’avril, Pablo Aguado a fait taire la moindre once de contestation susceptible de flétrir son triomphe. Son succès et la Porte du Prince ouverte sont les symboles d’un après-midi placé sous le signe de la perfection gestuelle, de la profondeur et d’une personnalité de torero unique. Au-delà de l’art et de la technique, le torero natif de Séville recèle en son cœur cette expression profonde qui fait du toreo un chant unique que seuls quelques élus peuvent interpréter avec esthétique et émotion.
Deux faenas d’une densité artistique intenses, elles-mêmes précédées d’interventions à la cape qui ont régalé le public maestrante. Non seulement Pablo Aguado s’est rendu « indispensable » à toute feria cette année, mais il a su également révéler le grand tempérament des toros de Jandilla, élevage qui sera aussi à l’affiche de la Feria de Nîmes. Un grand après-midi de toros relevé par les détails de Morante De La Puebla, récompensé d’une oreille, tout comme Andrés Roca Rey – autre star de la prochaine Pentecôte – qui a tenu à se justifier par une porta gayola et plusieurs largas serrées, une semaine après son grand triomphe face aux Núñez del Cuvillo.
A l’issue de deux bijoux de faena empreintes de douceur et de plastique torera, Pablo Aguado a été porté en triomphe, au milieu d’une foule transie de bonheur. Séville semble enfin avoir trouvé « son » torero en la personne de Pablo Aguado. Un matador promis à un grand avenir et dont la suavité d’interprétation des naturelles a fait la différence entre ce qui relève du toreo et l’alignement abrupt de passes dénuées de saveur. Des faenas de deux oreilles orchestrées en cinq minutes, au profil quasi-madrilène, histoire de prouver que les plus grands triomphes sont ceux qui préféreront toujours la qualité à la quantité…
Le Dimanche de Pentecôte, 9 juin, à 11h30, trois ans après sa présentation en qualité de novillero, Pablo Aguado confirmera son alternative aux arènes de Nîmes. Un moment précieux à ne manquer sous aucun prétexte. Le cartel sera complété par Diego Urdiales et Paco Ureña face à un lot de toros de Victoriano del Río.
L’afición de Séville s’est livrée corps et âme au toreo pur et profond de Pablo Aguado, exceptionnel face aux toros de Jandilla, et qui a ouvert la Porte du Prince, quatre oreilles en mains (crédit photo : Real Maestranza / empresa Pages).