Entièrement décorées par l’artiste français Loren, les arènes de Cali ont été le théâtre d’une corrida goyesque qui réunissait Enrique Ponce, Paco Ureña et Juan de Castilla face à un lot de toros colombiens d’Ernesto Gutiérrez. Un bétail relativement décevant du fait du manque de tempérament des toros, mansos en général. Cette première corrida de la Feria de Cali – dont le paseo a été retardé de 15 minutes – a été marquée par l’oreille coupée par Enrique Ponce devant le 4e exemplaire de la course.
Une faena majeure composée avec goût et mesure par le torero espagnol qui a su intéresser un toro initialement distrait et peu impliqué lors des premiers accords de la lidia. A force de technique, d’abnégation et d’intelligence torera, Ponce a réussi à composer une œuvre rapidement soulignée par l’accompagnement de la musique. Un travail d’intensité croissante conclu d’une demi-lame, synonyme de l’octroi d’un pavillon bien mérité pour le maestro de Chiva, qui avait été précédemment applaudi face au toro d’ouverture.
Benjamin du cartel, le torero colombien Juan de Castilla avait donné le « la » à cette corrida en effectuant une vuelta à l’arrastre du 3e toro, un sobrero du même fer. De meilleure charge que ses frères, cet exemplaire d’Ernesto Gutiérrez a permis au matador sud-américain de briller cape en mains avant le tracé d’une faena au profil allègre et varié. Un trasteo engagé, empreint de relief, notamment sur des séries de muletazos en redondo. Un pinchazo précédant l’estocade entière lui a peut-être ôté la première oreille de la course. Des applaudissements ont ponctué la seconde prestation de Juan de Castilla.
Malgré quelques détails toreros de grande qualité, notamment sur des passes statuaires, Paco Ureña n’a pas été en réussite pour sa présentation dans ces arènes de Cali. Auteur d’une première faena gauchère de qualité, le torero murciano a perdu avec l’épée les fruits d’un ouvrage bien construit face à un toro dénué de fond. Le 5e exemplaire s’est avéré pire en termes de comportement, occasionnant le silence, à l’instar du 2e toro.
Enrique Ponce répond à l’ovation du public colombien après avoir coupé l’unique oreille de la corrida goyesque de Cali (crédit photo : plaza de toros de Cañaveralejo / agence Promotoreando).