C’est sous la plume de Charles Jaigu, dans l’un des plus prestigieux titres de la presse nationale française, Le Figaro Magazine, que Simon Casas apparaît sous un titre évocateur, « Le provocateur qui secoue la corrida espagnole ». Clin d’œil à l’un des nombreux combats menés par le directeur des arènes de Nîmes qui est parti de rien, depuis les rues de Madrid, pour construire l’empire que chacun sait. En septembre prochain, cela fera trois ans que le temple madrilène de la Monumental de Las Ventas aura été attribué à la société Plaza 1 que dirige Simon Casas en tant que producteur de spectacles tauromachiques.

Un article qui rappelle ce parcours hors-normes de Simon Casas, débuté il y a quarante ans par la conquête des arènes de Nîmes. Il y est notamment question de la dernière Feria de San Isidro, considérée par les spécialistes comme l’une des plus brillantes depuis sa création. « Le 30 mai dernier, c’est encore une fois depuis son bureau de patron des arènes de Madrid, que Simon Casas a suivi d’un œil inquiet la corrida retransmise à la télévision (…) avec Andrés Roca Rey et les taureaux très imprévisibles de l’élevage réputé d’Adolfo Martín. «  Je ne peux pas être dans l’arène, c’est trop de tension ; ici, je suis un peu plus calme » confie Simon Casas au journaliste du Figaro Magazine.

« Simon Casas, homme de scène, toujours à la recherche de lui-même, fils d’un Turque séfarade et d’un Polonais ashkénaze, Français de sang mêlé se sentant l’âme espagnole, est un passionné, un errant, un provocateur « insupportablement génial », avait dit de lui « le » philosophe de la corrida, Francis Wolff. Depuis 2017, ce charismatique poète d’un rituel glorieux et funèbre, est tout particulièrement en première ligne, lui le premier étranger à diriger les arènes de Madrid. L’article fait notamment référence à la complicité qui le lie à l’ancien roi d’Espagne, sa majesté Juan Carlos, et Simon Casas d’ajouter : « les arènes de Madrid sont le gouvernement de la tauromachie, elles sont un lieu de pouvoir, comme un club de foot, où on croise les grands noms de l’Espagne, les hommes politiques de tous bords et les célébrités (…) Madrid a toujours été dirigé par les mêmes familles depuis le XIXe siècle : il a fallu que je m’y reprenne à trois fois pour obtenir la concession  par la mairie de Madrid » ajoute-t-il.

En quelques lignes, Charles Jaigu brosse le portrait d’organisateur de spectacles taurins de Madrid à Nîmes, en passant par Valencia, Alicante ou encore l’expérience vécue plusieurs fois à Saragosse… Il fait également référence au caractère novateur d’un Simon Casas qui a souhaité apporter des nouveautés au système régissant la production de spectacles tauromachiques : « depuis la feria madrilène de l’automne 2018, Casas a osé imposer un système de tirage au sort qui attribue de manière aléatoire un élevage aux toreros (…) cela ne plut pas aux toreros les plus connus (…), pour Simon Casas « ce sont les mêmes affiches depuis quinze ans » explique-t-il. Il faut mettre les stars en difficulté et révéler de nouveaux noms, quitte à contrarier El Juli et quelques autres ».

Le Figaro Magazine analyse également le phénomène et la réussite du pari de Simon Casas à travers le prisme de la presse nationale espagnole : « d’abord critique, la presse d’ABC à El País, a donc salué une saison 2018 brillante et le public a été au rendez-vous : 641.129 spectateurs pour les 34 soirées de la Feria de San Isidro (…), soit près de 22.000 entrées en plus que la saison 2018 ». Et Simon Casas d’ajouter : « au fond, j’ai toujours voulu conquérir mon identité espagnole, dont le personnage le plus glorieux était le torero », et Charles Jaigu de conclure son papier par un joli clin d’œil : « il n’a pas seulement rêvé son château en Espagne. Il a fini par le construire ».

Simon Casas au burladero de l’empresa de la Monumental de Las Ventas à Madrid (crédit photo : Plaza 1).