REVUE DE PRESSE : PARIS MATCH MET EN LUMIÈRE LES ADIEUX DE PADILLA


En 2019, Paris Match célébrera son 70e anniversaire. Immortalisée par son épithète « le poids des mots, le choc des photos », la revue fondée par Paul Gordeaux et Jean Prouvost est l’un des derniers titres majeurs de la presse nationale française à consacrer de temps à autre quelque article dédié à la culture taurine. Les aficionados les plus chevronnés se souviendront même de certaines unes dédiées à Manuel Benítez « El Cordobés », sacré depuis Ve Calife de la Tauromachie.

Dans son édition du 8 décembre 2018, Paris Match a ainsi consacré un portrait à Juan José Padilla à l’issue de sa saison européenne et à quelques de son ultime corrida sur le sable de la Monumental de Mexico. Dans l’article signé Audrey Levy, le « cyclone de Jerez » apparaît en photo dans sa maison de Sanlúcar de Barrameda (Cadix), trônant non loin des têtes des deux toros de Fuente Ymbro qui lui ont permis d’ouvrir la Porte du Prince le 16 avril 2016 à Séville. La despedida de Padilla est narrée par une prose un rien dramatique, tout en rappelant la réalité des graves blessures subies par le matador andalou : « le plus populaire des toreros espagnols aurait dû mourir sept fois. Il a choisi l’heure de son dernier triomphe » ouvre le reportage.

Un article qui parvient à marquer un public non-averti du fait du profil unique de la carrière de Padilla auquel Paris Match avait déjà consacré un reportage quelques jours avant sa reprise d’épée au printemps 2012 à Olivenza (Badajoz), cinq mois après avoir été grièvement blessé à l’œil gauche à Saragosse. Un épisode largement détaillé dans l’article. On y fait également référence à ses « 39 coups de corne » mais aussi à la foi du torero andalou : « son torse sculpté, couvert de lourdes médailles en or, en témoigne : une croix, la tête du Christ, un crucifix. « Avec eux, je suis protégé », explique-t-il. Et il faut croire que ça marche ».

Padilla se confie également sur les longs mois de doute qui ont précédé sa reprise d’épée après la perte de son œil et des réflexions qui ont été siennes, loin des pistes : « devant le miroir qui lui renvoie son image, déformée, atroce, il interroge le héros d’autrefois : « mais où est donc le courage de Padilla ? » Et puis, au cœur des ténèbres, il a la « révélation ». « J’ai compris que le courage, ce n’est pas de se mettre face au taureau, mais d’affronter la vie comme elle se présente : voir ses amis, sortir dans la rue, redevenir un homme libre » avoue Padilla à la journaliste de Paris Match. Un matador qui dévoile les parties de son intimité et d’un corps labouré par les coups de corne : « mon corps, c’est le plan d’Espagne, de France et d’Amérique du Sud réunies ! » plaisante-t-il. Parmi elles, celle de Huesca, en 1999 : « le duodénum s’est écrasé contre la colonne vertébrale, allant jusqu’à perforer l’intestin et infecter les organes vitaux » détaille-t-il.

Un Padilla qui évoque également ses racines familiales : les premières corridas vues aux arènes de Séville, au côté de son père, boulanger, avec des rêves de gloire en tête en voyant toréer Dámaso González ou encore José María Manzanares. Trois décennies plus tard, Padilla se retrouve en tête de l’Escalafón et torée aux côtés des vedettes de la tauromachie : « Dieu m’a offert tout ce dont je rêvais. Et bien plus que je ne pouvais imaginer : après l’accident – de Saragosse, en 2011 –, je pensais toréer 15 corridas, j’en ai toréé plus de 500 » dit-il dans les colonnes de Paris Match. Le sujet de ses adieux touche forcément la corde sensible du lecteur, en évoquant les larmes de sa fille Paloma, âgée de 14 ans, ou encore le soulagement de son fils de 12 ans, Martín.

Salut sous l’ovation pour Juan José Padilla, lors de sa première corrida aux arènes de Nîmes, le 26 mai 2012, après son terrible accident de Saragosse (crédit photo : Anthony Maurin).