REVUE DE PRESSE : LA MEILLEURE SAN ISIDRO DU XXIe SIÈCLE


Journal « exigeant » en termes de tauromachie, le quotidien espagnol El País n’y va pas par quatre chemins au moment de qualifier la dernière Feria de San Isidro à Madrid : « la meilleure Isidrada du XXIe siècle » titre même le journal sous la plume de Rubén Amón. Une feria dont le journaliste détache les prestations d’Antonio Ferrera, Paco Ureña, Roca Rey, sans oublier « le bon jeu des toros, le public jeune et les nombreux coups de corne ». Comme une illustration à ces 34 après-midis consécutifs, l’auteur de l’article associe aux triomphateurs précités « le mérite de Simon Casas (…) d’avoir associé des toreros en état de grâce à des surprises inattendues, comme David Miranda, avec un total de 641.000 spectateurs, soit 22.000 de plus qu’en 2018. Une San Isidro qui a également donné un haut rendement ganadero, que soit pour certains toros isolés de grande qualité – Juan Pedro Domecq, Garcigrande, Valdellán, Victorino et Zalduendo – que pour les lots complets proposés par Adolfo Martín et Santiago Domecq » analyse-t-il.

Une feria de San Isidro que le journaliste considère comme « la meilleure du XXIe siècle ou, tout au moins, la plus intéressante des deux dernières décennies. Et pas seulement pour les 8 Grandes portes ouvertes ou les 36 oreilles coupées, toutes catégories confondues (…) mais aussi parce qu’il n’est pas tombé une seule goutte d’eau (…) au cours d’une édition 2019 qui a stimulé l’intérêt pour la tauromachie au-delà des murs de Las Ventas, transcendant la Feria de Madrid ». A ce titre, Rubén Amón s’attarde sur la mobilisation du jeune public et la présence aux arènes du roi Felipe VI lors de la Corrida de la Beneficencia, ou encore celle du ministre socialiste José Luis Ábalos, « rompant ainsi les tabous politiques », souligne-t-il, en rappelant la reconnaissance de la Tauromachie comme « bien d’intérêt culturel ».

En termes de contenu artistique, le journaliste rend hommage au triomphateur incontestable de cette San Isidro, Paco Ureña, qui, avec quatre oreilles coupées tout au long de la feria, « occupe le trône du torero de Madrid ». Outre Ferrera et Roca Rey, Amón passe également en revue les grandes portes ouvertes par Perera, « la sobriété de De Justo, la récupération d’Eugenio de Mora, la qualité de Ginés Marín » ou encore Pablo Aguado, qui est allé jusqu’à recevoir une blessure « dans une San Isidro particulièrement sanglante : il y a deux fois plus de coups de corne qu’au regard des deux dernières ferias madrilènes cumulées. Une statistique qui fait froid dans le dos, bien illustrée par la blessure de Román (…) sans oublier celles d’Escribano, Leal, Caballero, Roca Rey, Luis Davis, Mora et Ritter ».

Dans la longue analyse effectuée, Rubén Amón revient encore sur les belles prestations de Curro Díaz, López Chaves et Fernando Robleño, sans oublier « la grande révélation de la feria, David de Miranda (…) qui a coupé deux oreilles face à l’un des toros les plus braves du cycle, le 6e exemplaire de la corrida de Juan Pedro Domecq ». Un profil ganadero que le journaliste espagnol qualifie « d’équilibré entre les encastes, variés » tout en taclant les élevages qui ont plus déçu le public…  Relevant une certaine « extinction du toreo de cape, exception faite d’Ureña, De Justo et Marín », Amón pointe négativement « le côté arbitraire des présidences dans l’usage et l’abus du mouchoir blanc (…) ou du bleu, qui n’a jamais récompensé la bravoure du bétail ». Malgré quelques commentaires acerbes en tribunes de la part de quelques spectateurs, Rubén Amón conclut en rappelant que ces quelques points négatifs « n’ont pas réussi à saboter une feria qui a donné raison à l’approche visionnaire de Simon Casas ».

Paco Ureña sortant en triomphe des arènes de Las Ventas le samedi 15 juin 2019 pour la première fois de sa carrière. Le triomphateur incontestable de cette San Isidro (crédit phoro : Plaza 1).