HISTOIRE TAURINE : LA SAGA NÎMOISE D’EL CID


Manuel Jesús Cid « El Cid » fera partie éternellement des toreros de prédilection de l’élevage de Victorino Martín. Des toros devant lesquels le matador originaire de Salteras (Séville) s’est pleinement révélé, intégrant le circuit des grandes ferias après des triomphes probants. Porté par l’excellence d’une main gauche, El Cid a également souvent croisé de bons toros sur sa route, lui permettant de signer quelques faenas savoureuses dès le début des années 2000.

Un torero qui s’est fait sur le tard, comme l’illustre sa prise d’alternative madrilène du 23 avril 2000, à 26 ans bien sonnés. Trois années de luttes seront encore nécessaires au Cid afin d’intégrer les cartels des grandes arènes, parmi lesquelles figure évidemment Nîmes. Une présentation en qualité de matador de toros qui remonte au mercredi 4 juin 2003, aux côtés de Fernandez Méca et Fernando Robleño : ceint de son costume fétiche de l’époque, violet et or, Manuel Jesús Cid effectue sa présentation à Nîmes devant des toros de Victorino Martín dont il obtient l’oreille du 5e exemplaire de la corrida.

Ce trophée sera l’unique accordé lors de cet après-midi et surtout la première oreille de la Feria 2003. Des toros de Victorino Martín qu’El Cid rechignera plus à toréer par la suite, limitant ses apparitions devant ce fer, notamment dans ses dernières années de carrière. En dix corridas toréées à Nîmes, El Cid n’a effectivement défié les toros de Victorino Martín qu’à trois reprises (2003, 2004 et 2011, avec un panache Miura-Victorino lors de cette dernière course).

L’année suivante, El Cid découvre un autre élevage de respect à Nîmes : le 30 mai 2004, Dimanche de Pentecôte, le torero andalou se frotte aux toros de Palha et se révèle encore une fois devant l’ultime exemplaire de la course, dépossédé d’une oreille à l’issue d’une faena gauchère particulièrement vibrante. Ce sera pourtant la dernière fois qu’El Cid défiera les toros de Palha dans toute sa carrière ; la première occurrence ayant eu lieu à la Monumental de Barcelone, le 17 septembre 2000.

Le dimanche 19 septembre 2004 demeurera comme la plus grande date d’El Cid aux arènes de Nîmes, avec son unique sortie en triomphe par la Porte des Consuls, mais de quelle manière ! Lors de cette corrida de clôture de la Feria des Vendanges, Manuel Jesús Cid excelle comme jamais par naturelles, la classe de son toreo se reflète dans les qualités de charge de ses deux toros de Victorino Martín. Une corrida au profil disputé, aux côtés d’El Fundi et Denis Loré, lors d’une passionnante rencontre de personnalités, avec un total de quatre oreilles pour le natif de Salteras !

Passée cette corrida, El Cid souhaitera bénéficier d’un niveau de cartel « supérieur » et intégrer des corridas pour toreros vedettes : l’année suivante, pour la Pentecôte, le 13 mai 2005, il officie aux côtés de Sébastien Castella et Miguel Ángel Perera, mais le manque de relief des toros de Capea ne lui permet pas de se mettre en évidence. Trois ans plus tard, le 11 mai 2008, il participe à la corrida matinale du Dimanche de Pentecôte, avec Juan Bautista et José María Manzanares II. Face à un lot noble de Juan Pedro Domecq, El Cid est récompensé par l’unique oreille de la course.

Deux ans plus tard, le matador andalou participe à la Feria des Vendanges, le 17 septembre 2010, aux côtés du rejoneador Pablo Hermoso de Mendoza et d’El Juli, mais un lot inégal de Garcigrande ne lui permet pas de pleinement exprimer son toreo. A la Pentecôte suivante, le 10 juin 2011, aux côtés de Castella et Perera, la noblesse du premier exemplaire de la corrida de Torrealta favorise le tracé d’une faena d’intérêt d’El Cid, primée d’un trophée. Le lendemain, El Cid est répété pour la première fois de sa carrière au sein d’une même Feria de Nîmes : il y croise un toro de Victorino Martín puis un exemplaire de Miura dans le cadre d’un défi ganadero entre les deux élevages de légende. Aucune oreille sera accordée lors de ce cartel complété par Rafaelillo et Mehdi Savalli.

L’année suivante, le 26 mai 2012, El Cid participe à la corrida matinale de Capea qui voit le retour à Nîmes de Juan José Padilla sept mois après la terrible blessure à l’œil gauche infligée par un toro d’Ana Romero. El Cid ravit un nouveau pavillon lors de cette course et se distingue par la classe de sa gestuelle. Cette oreille sera la dernière qu’il coupera dans les arènes de Nîmes. Manuel Jesús Cid torée son ultime corrida nîmoise le vendredi 6 juin 2014, devant un lot de Victoriano del Río, avec Miguel Ángel Perera et Daniel Luque comme compagnons de cartel.

De 2003 à 2014, Manuel Jesús Cid « El Cid » a participé à 10 corridas aux arènes de Nîmes, coupant un total de 9 oreilles et ouvrant une fois la Porte des Consuls.

Une main gauche souveraine dans le tracé des naturelles, l’un des grands atouts de la tauromachie d’El Cid, ici, le 10 juin 2011, aux arènes de Nîmes, face à un toro de Torrealta (crédit photo : Anthony Maurin).