HISTOIRE : EMILIO MUÑOZ, ESPARTACO ET PACO OJEDA DÉFENDENT LE TOREO D’ANTAN


« C’est un manque de respect de dire qu’aujourd’hui on torée mieux qu’avant ». La phrase claque comme un coup d’épée rageur dans une muleta manquant d’autorité. Ces mots sont ceux d’Emilio Muñoz, interrogé aux côtés de ses anciens compagnons de cartel, Paco Ojeda et Espartaco, dans les colonnes du quotidien espagnol El Mundo en date du 16 février dernier.

Le maestro de Triana n’accepte pas qu’une légende taurine urbaine laisse entendre qu’on n’ait jamais aussi bien toréé qu’au XXIe siècle. « Dire cela est une grande injustice » relève celui qui fil le bonheur du public nîmois, aux côtés d’Ojeda, dès 1983, « ça l’est d’autant plus si c’est un professionnel qui le dit. Dire ça, c’est faire fi de Belmonte, de Manolete, de Pepín Martín Vázquez, de Pepe Luis Vázquez… Indépendamment de cela, je pense qu’on ne torée pas mieux aujourd’hui. Ou bien qui torée mieux aujourd’hui que Paco Camino ou El Viti » questionne le torero natif de Séville. Et Paco Ojeda d’acquiescer : « on ne torée pas mieux aujourd’hui. Il y a une grande égalité entre tous et sur de nombreux critères ».

Espartaco approfondit le propos en apportant son appréciation sur le style du toreo : « tout est très ressemblant même si l’on voit des faenas exceptionnelles. Peut-être que le toreo n’a pas la même émotion parce que le toro ne change pas. Il se ressemble d’un jour sur l’autre. Le toro d’autrefois offrait diverses possibilités, il était plus imprévisible. Personnellement, j’ai toujours été considéré comme un torero technique. En général, les toreros techniques sont reçus très froidement par le public. Mais je devais me réinventer à chaque après-midi, que ce soit devant un toro de Santa Coloma, demain un exemplaire de Ruchena ou après-demain un toro du Conde de la Maza… Et le jour d’après un de Juan Pedro. Et mes faenas n’avaient la perfection prévisible de celles d’aujourd’hui. Mais il y avait plus d’émotion », analyse Juan Antonio Ruiz.

Trois maestros sacrés matadors de toros au cours de la saison 1979 à Valencia, au Puerto de Santa María et à Huelva, respectivement. Trois toreros dont l’élevage de l’alternative fut à chaque fois celui de Carlos Núñez, très prestigieux à cette période. Trois figuras en devenir qui ont reçu leur alternative des mains de trois autres légendes de la tauromachie : Paquirri, El Viti et El Cordobés. Trois toreros dont les carrières mirent un certain temps à démarrer avant de tutoyer les sommets de l’Escalafón et les fastes des meilleures corridas des grandes ferias, avec des après-midis inoubliables à Nîmes.

Emilio Muñoz, Espartaco et Paco Ojeda, trois légendes de la tauromachie des années 80 et trois toreros majeurs des ferias de Nîmes (crédit photo : José Aymá pour le quotidien El Mundo).