GÉNÉRIQUE DE FIN : LE LIVRE DE SIMON CASAS FAIT PARLER DE LUI


« Si un jour tu décides de te suicider, vise juste ! Pour ne pas se rater, il faut être en accord avec soi-même ». Générique de fin est le cinquième livre de Simon Casas : celui-ci narre les chassés-croisés à Madrid d’un écrivain et de ses doubles, confrontés à leur disparition… Un polar borgésien qui mêle cinéma et littérature, fiction et réalité.

Un ouvrage qui a inspiré une chronique à Pierre Vidal sous le titre emprunté à Aristote, « en toute chose la fin est essentielle ». Publiée dans les colonnes du site « Corrida Si », le chroniqueur taurin appuie son commentaire en s’inspirant de l’actualité de la mi-août, avec les propos contestés de la porte-parole du parti majoritaire au Palais Bourbon. Voici l’intégralité du texte de sa chronique :

« Trois côtes cassées, voilà les premiers dégâts de la déclaration d’Aurore Bergé contre la corrida à l’Assemblée. Contrarié. La tête ailleurs. Préoccupé. Adieu Bilbao ! Me voilà coincé sur un fauteuil sans pouvoir bouger après être tombé sur le trottoir. Consolation inattendue : j’empoigne sur ma chaise longue, le livre de « Simon Domb dit Casas » qui vient de sortir aux éditions du Diable Vauvert. Miracle ! Je n’ai pas lâché Générique de fin, ainsi, passionné, pendant deux heures, j’ai oublié la douleur qui me lance les côtes. Mieux que le doliprane à haute dose. C’est beau, non ?

Il faut le dire : il n’y a rien de taurin dans ce roman. Ou alors, c’est au niveau métaphorique qu’existe ce lien. La mort est en effet le sujet de ce Générique de fin et plus spécialement le suicide, mais aussi la création artistique et enfin le standard de la femme aimée mais maléfique. Mais bon, voilà pour la métaphore, rajoutons le décor : cela se passe dans ce Madrid romantique avec ses rues animées et ses tavernes immuables. Madrid capitale à part, figée, si peu européenne en réalité, ciment d’une hispanité qu’on voudrait rejeter - pourquoi d’ailleurs ? - Madrid où nous nous retrouvons mieux qu’à Paris. Il y a néanmoins, dans le roman de Casas, un personnage tiré du milieu taurin, une allusion transparente (?) : Jacques, l’ami, celui par qui tout arrive, en fait.

Il faut donc et, c’est à mettre au crédit de l’auteur, oublier le producteur de spectacles, l’aficionado, le torero, faire le lit de ses aventures extraordinaires pour apprécier l’écrivain, le romancier. C’est ainsi que Simon met ses tripes sur la table et qu’il nous dit : « regardez ce que je suis capable d’écrire ». Et là « chapeau ! » Le roman très habilement construit est écrit dans un style précis, vigoureux, sombre parfois mais lucide.

Il y a de l’ambition dans l’agencement du récit. Ses personnages nous tiennent en haleine du début à la fin et bien malin celui qui peut prévoir l’issue, l’épilogue obscur, soigneusement occulté, qui va surgir avant le Générique de fin. C’est un beau roman, cela ferait aussi un bon film noir. Une sorte d’objet hyperréaliste –bien que la catégorie n’existe ni au cinéma ni dans la littérature – avec des décors à la Hopper… car on y trouve la même image d’un univers glacé et angoissé.

Comme le dit le héros : « Jacques, je suis inquiet, il y a trop d’analogies entre la fiction et mon existence ».

Générique de fin, de Simon Domb dit Casas. Editions au Diable Vauvert.