FERNANDO DOMECQ : LA DISPARITION D’UNE LÉGENDE DE L’ÉLEVAGE BRAVE


La planète taurine a été frappée par une terrible nouvelle en ce début de semaine : la disparition de l’éleveur Fernando Domecq, qui a succombé à un cancer à l’âge de 73 ans quelques heures après avoir été admis à l’Hôpital universitaire du 12-Octobre à Madrid. Avec Fernando Domecq disparaît l’une des plus grandes figures de l’élevage du Toro brave en Espagne, huit ans après le décès accidentel de son frère, Juan Pedro Domecq Solís. Petit-fils de Juan Pedro Domecq y Núñez de Villavicencio, fils de Juan Pedro Domecq y Díez, il était également le frère de Borja Domecq Solís, qui lui a succédé à la tête de l’élevage de Jandilla en 1987.

C’est à partir de produits de pure souche Jandilla – qu’il connaissait par cœur pour en avoir forgé le succès pendant onze années – qu’il relance le fer de Zalduendo à la fin des années 80. Très rapidement, la ganadería marquée du « Z » des anciennes rames navarraises de Joaquín Zalduendo devient l’un des fers incontournables du circuit des grandes ferias européennes. Un sceau de bravoure qu’il affirmera pendant de nombreuses années, avec quelques toros pour le souvenir, parmi lesquels « Jarabito », immortalisé il y a tout juste vingt ans pare Emilio Muñoz, auteur d’une faena éternelle qui lui valut sa dernière sortie en triomphe par la Porte du Prince à Séville.

Après plus d’un quart de siècle de succès avec Zalduendo, Fernando Domecq avait décidé de passer la main en vendant son élevage à l’entrepreneur mexicain Alberto Bailleres, au printemps 2014. A l’instar de son frère aîné, Juan Pedro, Fernando Domecq demeure comme l’un des plus importants éleveurs de la fin du XXe siècle. Ganadero plutôt discret, il aimait cultiver une certaine forme de modestie lorsqu’il déclarait : « mon père était le meilleur éleveur que j’ai connu ».

Fruit de longues réflexions, recherches et minutieux travail de sélection, le toro de Fernando Domecq rassemblait plusieurs marques de fabrique dans sa morphologie générale. Bas, court de pattes, arborant un cou généreux et une tête bien faite, le toro de Zalduendo proposait la difficile alchimie de la continuité du tempérament brave dans la noblesse qu’il exprimait… Une ganadería indissociable des grands triomphes de maestros comme Espartaco, César Rincón, José Tomás ou encore El Juli, entre autres.

Fernando Domecq, un ganadero qui a compté dans l’histoire des Ferias de Nîmes, et dont le nom demeure associé à jamais à la corrida historique du 21 mai 1983. Ce jour-là, ses toros de Jandilla donnèrent une réplique empreinte de tempérament au trio de toreros composé par Luis Francisco Esplá, Nimeño II et Paco Ojeda. Respectivement crédités de trois oreilles et quatre oreilles et une queue, Nimeño et Ojeda ouvrirent la Porte des Consuls, Fernando Domecq effectuant une vuelta d’honneur au côté de son mayoral sur la piste des arènes de Nîmes.

Une corrida qui lança en France le phénomène Paco Ojeda et qui fut également l’un des moteurs de la progression médiatique de la Feria de Nîmes. Simon Casas Production adresse ses sincères condoléances à la famille de l’éleveur, à ses proches ainsi qu’à toutes les personnes touchées par ce deuil.

Fernando Domecq Solís, ancien propriétaire de l’élevage de Zalduendo et ganadero historique de Jandilla au début des années 80 (crédit photo : El Mundo).