Débutées le dimanche 11 mars par une corrida de Jandilla – élevage triomphateur à Nîmes en 2017 – les Fallas de Valencia ont connu un cycle marqué par la variété. Une feria teintée du sang torero de Román, touché à l’aisselle gauche et qui a ravi la première oreille fallera, suivi de près par Juan José Padilla, qui a également reçu l’hommage de l’afición valenciane pour sa dernière temporada. Le lendemain, la Grande porte des arènes de la calle Xátiva s’est ouverte à un enfant du pays, Jesús Chover, qui, huit ans après ses débuts dans cette plaza, a une fois de plus brillé devant son public en traçant une faena d’une rare intensité devant le 4^e exemplaire de la novillada de Fernando Peña, dépossédé de ses deux pavillons.

Une dynamique du succès également emboîtée par le novillero madrilène Marco Pérez Hernández « Marcos », qui a ravi l’unique oreille de la novillada d’El Juli, porteuse du fer d’El Freixo le mardi 13 mars. Révélation de la saison 2017, Marcos a répété son succès des dernières Fallas, se positionnant comme l’un des apprentis-toreros de cette temporada. Une oreille également conquise avec la manière par David Mora, qui, face aux bons toros d’Alcurrucén, a confirmé le lendemain ses intentions face à une afición qui l’a souvent respecté.

Jeudi 15 mars, les toros de Fuente Ymbro ont réaffirmé en piste le sérieux et le caractère associés aux porteurs de la fameuse devise verte. Un gage d’exigence et de mobilité pour le trio de matadors du jour qui ont dû faire valoir technique et expérience. A ce petit jeu, José Garrido s’est montré le plus adroit, en conquérant sur le fil l’unique oreille de la journée devant le 6^e exemplaire. Une belle prestation pour le torero natif de Badajoz, deux ans après ses débuts sur cette même piste face aux toros de Ricardo Gallardo.

Le premier coup de poing sur la table de ces Fallas aura été donné sans surprise par Andrés Roca Rey. Deux ans et demi après son alternative nîmoise, le matador péruvien ne cesse de conquérir le cœur des publics par un sens de l’engagement que nul ne saurait lui contester. Face à des gradins bondés, Roca Rey a été le grand triomphateur d’une corrida de Joaquín Núñez del Cuvillo qui s’est tenue à guichets fermés.

Deux oreilles pour Roca Rey à l’issue d’une faena marquée du sceau de la personnalité et de limites sans cesse repoussées en termes de terrain foulé devant le 3^e toro de la corrida. Une prestation qui a marqué la différence avec ses compagnons d’affiche, Castella et Manzanares, ce dernier étant récompensé d’un trophée lors de sa première faena. Une pétition d’oreille s’est également élevée des gradins en faveur de Sébastien Castella à l’arrastre du 4^e toro.

Mais à Valencia ne règne qu’un roi, et ce souverain est originaire de Chiva. Comme à la parade, Enrique Ponce a une fois de plus fait chavirer le cœur de celles et ceux qui, à Valencia, le regardent avec des yeux de Chimène depuis près de trente ans. Celui qui a franchi le cap des 100 corridas toréées dans ces arènes ne compte plus les faenas d’exception et les triomphes historiques dans un jardin considéré comme le sien.

Devant les toros de Domingo Hernández et Garcigrande, Enrique Ponce a proposé une nouvelle démonstration de toreo profond et renouvelé. Deux faenas pour le souvenir et deux oreilles finalement accordées à l’issue de sa seconde prestation, pour une communion unique avec le public valencian. Un très haut niveau de création et d’interprétation auquel Paco Ureña a répondu par un courage sans failles, le torero murciano obtenant l’oreille de l’ultime toro de la corrida à la force du poignet.

Avec cette nouvelle sortie en triomphe par la Grande porte en ce samedi 17 mars, Enrique Ponce semblait tout désigné pour pallier le forfait de Cayetano lors de la corrida du lendemain. Un remplacement de luxe pour une nouvelle œuvre rare tracée devant le 4^e exemplaire de Juan Pedro Domecq. Ponce et les autres… ou presque ! Alberto López Simón donnant une réplique de choix au maestro de Chiva par deux faenas d’une exemplaire densité esthétique.

Avec deux oreilles chacun, Enrique Ponce et López Simón pouvaient profiter d’une nouvelle sortie en triomphe commune, portés par les ovations d’un public sous le charme. Une ambiance idéale que la pluie du dernier jour n’a pas altérée, avec une corrida de qualité de Victoriano Del Río, marquée par le tour de piste posthume accordé au 4^e toro, « Jarretero ». Un exemplaire qui est revenu entre les mains d’Antonio Ferrera, fort inspiré muleta en main, mais dont la finition avec l’épée lui a certainement ôté un grand succès. Vuelta pour le torero vétéran pour un récital de gestes élégants.

Un manque de réussite avec l’épée qui a également touché l’un des matadors en forme du moment, Ginés Marín, mais qui n’a pas décontenancé Jesús Enrique Colombo. Le torero vénézuélien, venu remplacer Román, a été l’homme de cette corrida en ravissant une oreille de poids lors de sa première faena, manquant d’un rien la sortie en triomphe par la Grande porte. Colombo souhaite incontestablement peser sur cette temporada 2018…

En matinée, les rejoneadores avaient précédemment illuminé de leur art la piste valenciane… Avec une sortie en triomphe commune pour Sergio Galán et Léa Vicens – première rejoneadora de l’Histoire à franchir la Grande porte des arènes de Valencia – accompagnés du mayoral de Fermín Bohórquez, les spectateurs fidèles du rendez-vous équestres ont pu apprécier l’excellence des montures « Ojeda », « Titán » et « Apolo » du Madrilène, ainsi que la finesse de style de la Nîmoise, époustouflante sur les flancs de « Petit Pois », « Gacela » ou encore « Bético ». Au final, trois oreilles pour Galán, deux pavillons pour Léa et un trophée pour Andy Cartagena, qui réapparaissait en public après sa blessure mexicaine.

A l’issue de ces Fallas, la Députation valenciane a désigné Enrique Ponce comme triomphateur de cette feria et l’élevage d’Alcurrucén pour la meilleure corrida et le meilleur toro avec « Economista ». Le trophée du meilleur novillero a été décerné au Valencian Jesús Chover alors qu’Ángel Otero a été nommé meilleur subalterne du cycle.

Autant de triomphateurs et de toreros au sommet de leur art dont certains noms pourraient bel et bien se retrouver à l’affiche de la prochaine Feria de Pentecôte aux arènes de Nîmes. Premiers éléments de réponse le 4 avril prochain lors de la présentation des cartels. Soyez au rendez-vous.

(Crédit photo : Teseo Comunicación pour Simon Casas Production).