Au début des années 60, répondant à une commande de reportage du magazine Life, Ernest Hemingway finissait par écrire un ouvrage entier intitulé l’Été dangereux, narrant la compétition au plus haut niveau entre deux vedettes de la tauromachie, beaux-frères dans la vie, Luis Miguel Dominguín et Antonio Ordóñez. L’été dangereux, une métaphore qui pourrait bien convenir à l’engagement sans failles de toreros comme Juan José Padilla et Paco Ureña. Le 7 juillet dernier, ces deux matadors ont été grièvement blessés, sans que ces accrochages ne remettent en question une seule seconde leur détermination.
A Arévalo (Ávila), alors qu’il partageait l’affiche avec son ami Morante De La Puebla et Miguel Ángel Perera, Juan José Padilla a été grièvement blessé par le 4e toro de Domingo Hernández. Un accrochage spectaculaire survenu à la sortie d’une paire de banderilles, le matador andalou trébuchant face à la tête de l’animal avant d’être violemment piétiné au cuir chevelu, au-dessus de l’oreille droite. Au même moment, à 400 kilomètres au nord-est d’Arévalo, Paco Ureña subissait une mésaventure semblable sur le sable de Pampelune.
Dans le cadre de la première corrida de la Feria du Toro, le torero murciano a été blessé en portant l’estocade au 4e toro de la corrida du Puerto de San Lorenzo : diagnostic, 15 cm de trajet de corne au bas de la cuisse droite provoquant une hémorragie importante et plusieurs dégâts musculaires. Un investissement sans faille loué par les peñas pamplonaises et récompensé d’une oreille. En bon « tor’héros », Paco Ureña a repris le chemin des ruedos une semaine plus tard : samedi, le matador originaire de Lorca était présent à Arévalo pour triompher avec panache d’une excellente corrida de Garcigrande, quatre oreilles en mains.
La veille, Juan José Padilla signait des adieux poignants à Pampelune, coiffé d’un foulard noir de contrebandier afin de dissimuler sa profonde entaille contractée six jours plus tôt à Arévalo. Porté par l’enthousiasme et la générosité d’une afición qui l’a aimé sans compter pendant vingt ans, le « cyclone de Jerez » a une dernière fois fait chavirer les arènes de la Casa de Misericordia, en obtenant un total de trois pavillons face à un lot important de Jandilla. Une ultime Grande porte célébrée au côté d’un torero qui revient très fort, Andrés Roca Rey, lui aussi crédité de trois oreilles et dont la puissance du toreo a conquis le public navarrais.
Les adieux de Padilla au public de Pampelune, moins d’une semaine après son impressionnante blessure reçue à la tête aux arènes d’Arévalo (crédit photo : Efe pour la Cadena Cope).