Tout d’abord, laissons parler les chiffres ! Plus de deux ans après avoir été sacré matador de toros sur le sable des arènes de Nîmes, Ginés Marín toréait hier à Dax la 100e corrida de sa carrière. Une belle performance pour le torero natif de Jerez de la Frontera, terre d’arts qui a abrité des interprètes du toreo aussi variés que Rafael de Paula, Álvaro Domecq Díez et Juan José Padilla. Avant cette corrida, jamais Ginés Marín n’avait connu les joies de l’indulto et de laisser la vie sauve à son toro.
Une première qui s’est déroulée dans la sous-préfecture des Landes, pour le plus grand bonheur des spectateurs, qui ont appuyé le torero andalou dans sa démarche afin que le trio présidentiel sorte le mouchoir orange. En piste, « Lebrero » a étalé des vertus que Ginés Marín a sues déceler, offrant une faena qui restera longtemps dans les mémoires. Au-delà des débats sur le bien-fondé de cette décision présidentielle, une remarque s’impose : le matador jerezano s’est tellement sublimé lors de cette lidia face au toro de Santiago Domecq qu’une force intérieure l’a transporté au-delà de ses propres limites artistiques.
Une tauromachie d’abandon du corps, d’art et de sentiment à laquelle les spectateurs dacquois ont adhéré dans une symphonie muletera à la fois fine et harmonieuse. A la fois créatif et imprévisible sur certaines formes de passes créées, Ginés Marín s’est érigé en artiste au sens premier du terme : un torero capable d’arrêter le temps en façonnant selon son inspiration cette matière première brute qu’est le toro brave. Une œuvre à la fois pure et profonde dans laquelle « Lebrero » s’est livré sans retenue, chargeant avec classe, rythme et transmission.
Une faena d’exception et un triomphe indiscutable qui font suite à une rencontre inoubliable face à un toro d’Alcurrucén à Madrid, lors de l’édition 2017 de la Feria de San Isidro, et qui placent Ginés Marín comme un torero incontournable. Dans deux mois, très précisément, les spectateurs des arènes de Nîmes auront l’opportunité de le (re)découvrir, doublé d’une réputation sans cesse grandissante. Il sera à l’affiche de la corrida du samedi 15 septembre, face aux toros de Virgen María – excellents samedi dernier à Pontevedra – aux côtés de deux autres matadors à la personnalité affirmée : Paco Ureña et Joselito Adame. On a d’ores et déjà hâte d’y être…
Passe du mépris de Ginés Marín lors de sa prise d’alternative aux arènes de Nîmes le dimanche 15 mai 2016. Un matador que l’on retrouvera avec plaisir dans l’amphithéâtre romain pour la Feria des Vendanges (crédit photo : Anthony Maurin).