Quatre stars en piste, quatre personnalités et quatre manières de penser le toreo : Morante De La Puebla, El Juli, José María Manzanares II et Andrés Roca Rey. Un quatuor hispano-péruvien qui était attendu avec impatience lundi dernier aux arènes de Cuenca pour l’une des corridas les plus importantes de la saison estivale en Espagne. Une course qui a répondu à bon nombre de ces promesses et qui a permis de vérifier l’excellent moment que traverse El Juli, quelques jours après sa faena somptueuse de Saint-Sébastien et moins d’un mois après sa démonstration à Santander.

Sorti en 6^e position, « Aguamiel », marqué du n°65 et annoncé à 563 kg, a été embarqué de façon spectaculaire lors du tiers de piques dans un quite par zapopinas. Débutée avec le même entrain, la faena a été marquée par plusieurs passes placées sous le sceau de l’immobilité côté torero : pieds joints, muletazos enchaînés avant une passe du mépris, El Juli a une marque de fabrique unique pour illustrer sa maîtrise. Des séries de passes circulaires ont suivi, déclinées sur un trajet de muleta apparemment infini, mettant en exergue la qualité de charge du toro de José Vázquez.

Du temple et un toreo de ressenti, main basse, avant une démonstration sur la courte distance faisant basculer la faena dans un moment d’ivresse taurine partagée avec le public. Dans un sens, puis dans l’autre, sur une direction opposée, en prenant l’oblique puis la tangente, « Aguamiel » a révisé sous la muleta dominatrice d’El Juli tout ce que la géométrie taurine a de rationnel – voire d’irrationnel – pour le plus grand plaisir des spectateurs qui ont rempli les arènes de Cuenca sous l’affichage du « no hay billetes ». Un public debout, qui, dans ce moment d’intension transmission avec le torero, a réclamé la grâce du toro de José Vázquez, deux oreilles et la queue symboliques revenant logiquement entre les mains du Juli.

« Aguamiel » est le 3^e toro gracié par El Juli en 2018 après le Juan Bernardo Caicedo de Bogota – le 18 février – et le Gacigrande sévillan du 16 avril. Un triomphe partagé par le Madrilène avec Morante De La Puebla, crédité des deux oreilles du 5^e toro de la corrida, après avoir écouté une grande bronca à son premier exemplaire. Manzanares et Roca Rey ont pour leur part dû se contenter d’applaudissements.

Exceptionnel en cette saison estivale 2018, Julián López « El Juli » est attendu le samedi 15 septembre aux arènes de Nîmes, dans le cadre de ses 20 ans d’alternative. Il y sera justement le témoin de l’alternative du novillero « Toñete », qui recevra sa muleta de matador des mains d’Enrique Ponce. Le bétail portera le fer de la maison Garcigrande – Domingo Hernández.

El Juli coupant une queue aux arènes de Nîmes, le samedi 20 septembre 2014 face à un toro de Victoriano del Río (crédit photo : Anthony Maurin).