Alors que les cartels de la Feria des Vendanges sont en cours d’élaboration, l’évocation du prochain solo d’El Juli dans les arènes de Nîmes – le troisième de sa carrière de matador sur le sable de sa prise d’alternative – nous remémore sa dernière prestation, lumineuse, dans l’amphithéâtre romain. Nous sommes le vendredi 19 septembre 2008, deuxième journée de la Feria des Vendanges : en matinée, la novillada de Manolo González s’est avérée excellente, favorisant la sortie en triomphe de Román Pérez par la Porte des Consuls, trois oreilles en mains, et la coupe d’un pavillon pour un autre novillero arlésien, Thomas Joubert.
L’après-midi, ceint d’un costume turquoise et or, El Juli célèbre ses dix ans d’alternative de la plus belles des manières. Un récital de toreo grande face à six toros de Daniel Ruiz, l’élevage de sa prise d’alternative, dix ans plus tôt, dans ces mêmes arènes. A chaque toro, un quite de cape différent, une façon de penser la lidia de manière distincte, une muleta poderosa déclinant des faenas vibrantes, propres à renverser les spectateurs qui remplissent les arènes jusqu’aux amphis.
Sept oreilles et une queue pour un Juli pléthorique et une vuelta posthume accordée au sixième exemplaire du lot de Daniel Ruiz. Un mouchoir bleu qui avait également été déployé la veille pour saluer le très bon jeu d’un toro de Robert Margé devant lequel Salvador Vega – crédité d’un trophée – aurait certainement pu prétendre à une tout autre récompense… Quelques minutes plus tôt, Curro Díaz s’était lui aussi illustré en ravissant la première oreille de la feria.
Solo d’El Juli et… solo de Sébastien Castella ! En plein bataille pour le trône de leader, le torero biterrois avait lui aussi défié six toros en solitaire, 24 heures après la grande démonstration du maestro de Velilla de San Antonio. Face à un lot panaché de Garcigrande, Juan Pedro Domecq, Victoriano Del Río et Cortés, Castella avait dû attendre le 7e exemplaire, offert en supplément, afin de sortir le grand jeu et de couper les trophées maximums. Autre Porte des Consuls ouverte avec quatre oreilles et une queue dans l’escarcelle du matador français. En matinée, la première oreille de la journée était revenue entre les mains d’un Julio Aparicio fort inspiré par son second toro de Garcigrande.
Une Feria des Vendanges marquée par des matinées lumineuses, comme celle du dimanche 21 septembre et ce qui restera comme l’une des faenas importantes de Juan Bautista dans l’amphithéâtre nîmois : une lidia au profil madrilène, courte mais intense, profonde et au profil resserré, avec deux oreilles et la queue ravies à un très bon toro de José Vázquez, honoré de la vuelta posthume. Au total, trois oreilles et une queue pour le matador arlésien, qui s’était aisément détaché de ses deux challengers du jour, Matías Tejela et Alejandro Talavante.
L’ultime Porte des Consuls de cette saison taurine 2008 aux arènes de Nîmes fut réservée à Rubén Pinar, lors de sa prise d’alternative. Trois oreilles qui ne sont pas le fruit du hasard en faveur d’un torero manchego auteur d’une temporada triomphale. Un doctorat acquis de main de maître avec un parrain d’exception, Enrique Ponce, auteur d’une seconde faena d’importance primée de deux trophées. Témoin de la cérémonie face à de nobles toros de Victoriano Del Río, Miguel Ángel Perera avait dû se contenter d’un seul pavillon lors de sa première prestation.
Autant de toreros et de noms prestigieux qui demeuraient en 2008 sur des dynamiques bien distinctes de celles de la saison en cours. Plusieurs matadors concernés sont encore dans le grand circuit des ferias dix ans après : Ponce, Juli, Bautista, Castella, Perera, Talavante… Toutefois, une question reste en suspens : quels maestros inscriront leurs noms sur les cartels de l’édition 2018 de la Feria des Vendanges. La réponse arrivera très prochainement dans ces colonnes…
Naturelle d’El Juli face à un toro de Daniel Ruiz lors de son solo nîmois du vendredi 19 septembre 2008 (crédit photo : Anthony Maurin).