Il n’y aura pas de corrida aux arènes de Nîmes le 18 septembre 2018 puisque cette journée sera un mardi, soit le surlendemain de la corrida de clôture de la Feria des Vendanges. Cette date est pourtant importante car elle est celle de l’anniversaire de la prise d’alternative d’El Juli dans l’amphithéâtre romain. La dernière grande alternative de la décennie 90 octroyée par José María Manzanares, en présence de José Ortega Cano, face au toro « Endiosado », porteur du fer de Daniel Ruiz.
Devant les caméras de TVE, El Juli avait conquis la planète taurine par son toreo de cape virevoltant et l’impétuosité d’attitudes déjà ceintes d’un pouvoir incontestable. Le public nîmois avait été conquis par la fraîcheur d’El Juli, la fulgurance de ses zapopinas ou encore l’invitation au quite au maestro José Ortega Cano, suivant une intervention magistrale de José María Manzanares. Nous aurons prochainement l’occasion de revenir sur cette corrida et sur les alternatives historiques concédées aux arènes de Nîmes.
1998, année du titre mondial de l’équipe de France de football, fut une saison prolixe en alternatives : pas moins de 44 toreros ont été sacrés matadors de toros entre le 30 janvier et le 27 décembre de l’antépénultième année du XXe siècle. Dans cette classification, El Juli est le 34e torero à avoir pris l’alternative au cours de cette temporada 1998, un chiffre record qui montre l’importance des vocations taurines à une époque où l’Escalafón était plus riche en novilleros, prétendants au grade suprême de matador de toros. Outre El Juli, plusieurs matadors sacrés en 1998 sont bien connus du public des arènes de Nîmes.
Le 10 mars 1998, à Benicarló (Castellón de la Plana), Swan Soto prend l’alternative face à une corrida de Torrestrella, des mains d’El Fundi et en présence de Juan Villanueva, quatre ans après avoir remporté la Cape d’or sur le sable nîmois. Un peu plus d’un mois plus tard, Antoni Losada, lauréat 1995 de la Cape d’or nîmoise après avoir coupé un rabo à un excellent novillo de Guadalest, est élevé au grade de matador par Manuel Caballero – autre torero sacré à Nîmes aux Vendanges 1991 – en présence de Francisco Rivera Ordóñez, aux arènes d’Arles, devant un lot de Domingo Hernández. Le 3 mai de la même année, à Ibros (Jaén), l’un des toreros sobresalientes les plus engagés du circuit professionnel prend également son alternative : David Sánchez « Saleri », qui a pris la muleta de matador de Paco Delgado, sous le regard de Luis de Pauloba, devant une corrida de Centeno Guerra.
Le 24 juin 1998, à Alicante, en pleines célébrations de la San Juan, Miguel Abellán devient matador de toros moins de trois mois avant El Juli, mais avec un parrain de cérémonie identique : José María Manzanares ; Enrique Ponce officiant comme témoin devant un lot de toros d’Alcurrucén. Trois jours avant le doctorat d’El Juli, c’est Domingo López Chaves qui connaît sa journée taurine la plus importante à Salamanque, avec Joselito et Enrique Ponce, face à des toros de Capea, dans un cartel de luxe. Un torero que le public nîmois découvrira lors de l’édition 2007 de la Feria de Pentecôte face à une corrida de Las Ramblas.
Six toreros aux personnalités affirmées et aux trajectoires taurines différentes : aujourd’hui, Swan Soto continue à toréer pour son plaisir et participe à des expositions en tant qu’artiste-peintre. Si Antoni Losada a disparu du circuit taurin, Saleri continue d’écumer les arènes comme sobresaliente, alors que Miguel Abellán poursuit une trajectoire professionnelle remarquable, que ce soit dans les arènes comme sur les plateaux de la télévision espagnole en tant que torero populaire. López Chaves est également en activité, programmé dans des créneaux de corridas réputées plus âpres.
A l’instar de tous ces matadors, El Juli célébrera cette année le vingtième anniversaire de son alternative. Cet événement se déroulera lors de la prochaine Feria des Vendanges, aux arènes de Nîmes, dans le cadre d’une corrida exceptionnelle du torero madrilène, qui sera programmé en solitaire face à des toros de différents élevages. Une corrida dont chacun espère qu’elle soit aussi lumineuse que celle programmée aux Vendanges 2008, avec un solo qui demeure dans toutes les mémoires.
El Juli, quelques minutes, avant le paseo d’une corrida aux arènes de Nîmes, le samedi 22 mai 2010 (crédit photo : Anthony Maurin).