REVUE DE PRESSE : SIMON CASAS S’EXPRIME SUR LES EXIGENCES DES TOREROS VEDETTES


Simon Casas n’a pas sa langue dans sa poche et l’a récemment prouvé. Dans son édition numérique du 5 novembre dernier, l’hebdomadaire espagnol Aplausos accorde un long entretien à l’impresario taurin français. Le patron des arènes de Nîmes, Madrid et Valencia, entre autres, répond indirectement aux propos tenus par Julián López « El Juli » à l’issue de la temporada européenne. Morceaux choisis…

« El Juli a raison lorsqu’il dit qu’un impresario doit confectionner des cartels afin de créer un intérêt auprès du public, une compétition, une rivalité entre les toreros, mais aussi lorsqu’il dit que l’impresario, en définitive, est là pour assembler une série d’aspects relatifs à l’organisation afin de remplir les arènes. Toutefois, pour parvenir à cet objectif, l’impresario doit pouvoir jouir d’une liberté de programmation, qui, dans la majorité des cas, est précisément interdite par les toreros vedettes quant à leurs exigences excessives en termes d’élevages et de confections de cartels » explique Simon Casas dans l’interview menée par Ángel Berlanga. Quelques jours plus tôt, Julián López « El Juli » avait déclaré au même média qu’un impresario « devait créer et non tirer au sort les cartels », faisant ainsi allusion au « bombo » opéré aux arènes de Las Ventas, à Madrid, lors de la Feria d’Automne. Un cycle tauromachique couronné d’un grand succès artistique et populaire auquel El Juli n’a pas participé.

« Avec toute l’admiration que l’on doit au Juli en tant que torero d’époque, je me vois dans l’obligation de répondre aux déclarations faites à mon encontre. Je pense m’être toujours distingué pour ma créativité dans un monde, taurin, qui souffre précisément de cette vertu. Aujourd’hui plus que jamais, la Tauromachie a besoin de se distinguer par la case de la créativité » affirme le producteur taurin français, et de poursuivre « si les toreros vedettes limitent l’espace de programmations leurs propres exigences, comment pouvons-nous confectionner des cartels novateurs et qu’existe la nécessaire compétition intergénérationnelle ? ». Le problème des exigences des figuras est clairement posé à une époque où certaines d’entre elles n’ont plus le même effet d’attraction sur les spectateurs.

« Il est très difficile de pouvoir ouvrir l’éventail de la programmation à de nouveaux toreros : non seulement parce que les toreros vedettes se disputent les meilleurs élevages – cinq ou six, tout au plus – mais aussi parce que ceux-ci veulent toréer entre eux, pour s’assurer une certaine tranquillité professionnelle, dénuée de compétition. Cela est incompatible avec les concepts créatifs que revendique Julián » démontre Simon Casas, défenseur du tirage au sort tel qu’il a été expérimenté à Madrid pour la Feria d’Automne. Ce système permet « précisément de rompre les modèles habituels de confection des cartels, tant pour les élevages que pour les toreros. Le tirage au sort n’est pas une solution adaptable en toutes circonstances, mais une façon d’attirer l’attention sur une solution, qui, pour le moment, a donné des résultats positifs en termes de public » analyse le directeur des arènes de Las Ventas.

« Les impositions ne sont pas bonnes dit El Juli, et encore une fois il a raison » poursuit Simon Casas, « mais je veux nuancer son propos en lui disant que si les impositions ne sont pas bonnes, elles ne le sont en aucun cas. Il est de notoriété publique que les exigences sont plus imposées par les toreros vedettes que par les impresarii ». Le message du directeur des arènes de Nîmes se veut clair : « je ne veux pas créer de polémiques et encore moins avec les figuras que j’admire (…) mais la liberté du torero ne doit pas annuler la liberté créative de l’impresario, et la liberté du spectateur de pouvoir assister au spectacle qu’il souhaite ».

En guise de conclusion, Simon Casas en appelle à une « prise de conscience de tous les professionnels de la Tauromachie afin qu’ils regardent au-delà de leurs intérêts personnels. Je peux parler ainsi parce que tout au long de ma carrière j’ai toujours mis en avant ma passion pour la Tauromachie avant mes intérêts personnels. Et ma volonté est de continuer ainsi » assure-t-il. « Les impresarii financent l’existence de l’art du toreo. Sans eux, la Tauromachie n’existerait pas, d’autant plus que celle-ci ne bénéficie d’aucune aide institutionnelle alors qu’elle est attaquée de toutes parts (…) Sans créativité et sans économie cohérente, il n’y a pas d’avenir pour la Fiesta, (…) aimer l’art du toreo, c’est être capable de nous engager avec grandeur, générosité, afición, solidarité et justice pour son avenir : aficionados, journalistes et entités publiques inclus » conclut-il.

Simon Casas dans le callejón des arènes de Nîmes lors de l’édition 2018 de la Feria de Pentecôte (crédit photo : Anthony Maurin).