REGARDS SUR LA TAUROMACHIE D’UN ANCIEN « MOZART »


Invité dans le cadre de conférences « Le toreo dans les arts », organisé à Roquetas de Mar (Almería), Emilio Muñoz a pris la parole jeudi dernier pendant près d’une heure et demie afin d’évoquer son parcours en tauromachie. Aujourd’hui âgé de 55 ans, le natif de Séville est revenu sur ses débuts et sur l’importance d’une chronique qu’avait signée Vicente Zabala père à l’issue d’une novillada de Diego Romero, lors des Fallas de Valencia. « J’avais donné une paire de séries de naturelles et le lendemain il avait titré son article : Emilio Temple Muñoz. Recevoir un tel surnom de la plume d’un tel journaliste m’a beaucoup profité tout au long de ma carrière » a confié Muñoz.

Mais avant cela, Emilio avait été canonisé comme un « enfant prodige » du toreo, à l’époque où Simon Casas avait organisé sa présentation en France aux arènes de Saint-Gilles. Quelques années plus tard, le trianero débutait en novillada formelle à Arles, seul face à quatre novillos de Torrestrella. « J’ai commencé à découvrir le monde des toros tout petit, au côté de mon père, qui était impresario dans de petites arènes. Aujourd’hui, il est très compliqué d’être torero parce que c’est une carrière qu’il faut financer. Auparavant, quand nous étions gamins, nous souhaitions être toreros afin d’être quelqu’un dans la vie et pour améliorer l’aspect économique. Aujourd’hui, il faut être riche pour commencer à vouloir être torero » a expliqué le parrain d’alternative de Denis Loré.

Baptisé le « Mozart du toreo » par Simon Casas, Emilio Muñoz a rappelé son lien éternel avec le maestro Paco Camino, considéré un véritable modèle au sein de la famille : « mon père a voulu être torero. C’était un grand aficionado, très ami avec Paco Camino. Mon père possédait une moto Guzzi et s’en servait pour l’amener aux tentaderos. La première fois que je suis allé à Madrid pour m’acheter un habit de lumières, j’ai eu la grande chance de me retrouver dans la sastrería de Santiago Pelayo au côté de Camino. Je me souviens qu’il était en train d’essayer un costume, et, lorsqu’il sortit, il dit au couturier : « pour le petit, je prends en charge son costume ». Ainsi, il m’offrit mon premier habit de lumières, une cape et une muleta » a raconté le matador andalou.

Un parcours qui s’est consolidé aux Fallas de Valencia 1979 avec une alternative conférée par Francisco Rivera « Paquirri », un an avant la confirmation madrilène octroyée par Ángel Teruel. Une période faste où le public nîmois a fréquemment été témoin de ses nombreux triomphes, jusqu’à sa première retraite, en 1986. « Personne ne m’a jamais appris à toréer, pas même mon père. La seule chose qu’il faisait pour moi était de me placer dans toutes les corridas où il pouvait le faire. Il me disait toujours d’observer les toreros et je faisais attention à tout ce qu’ils faisaient. Mon modèle de jeunesse a toujours été Paco Camino, alors que mon père était plus partisan d’Antonio Ordóñez » a notamment avoué Emilio Muñoz, qui continue aujourd’hui de dispenser ses commentaires avisés lors des retransmissions de corridas sur le Canal Toros.