LES VICTORINO A NÎMES : LA DÉCENNIE DE RUIZ MIGUEL


Toutes les plus grandes ferias d’Espagne et de France se sont écrites avec le nom de Victorino Martín au fil des décennies. Un élevage de respect associé à des courses qui ont fait date dans l’Histoire de l’art tauromachique, à Nîmes comme ailleurs. Après avoir évoqué les années 70, place à la décennie suivante nettement dominée par l’un des meilleurs connaisseurs de cette ganadería.

Avec 86 corridas de Victorino Martín toréées, 161 toros lidiés, 85 oreilles et 1 queue coupées, soit 24 sorties en triomphe obtenues face au mythique élevage, Francisco Ruiz Miguel fait office de référence absolue en la matière. « Le toro de Victorino Martín requiert une envie folle de triompher » souligne le torero de San Fernando, précisant que « quelques fois, je me suis senti presque comme un surhomme en dominant certains de ces toros ». Plus de vingt de carrière au sommet dans un créneau de corridas au profil très affirmé : « Victorino a toujours reconnu mon courage. C’était un homme intelligent et avec de nombreux reflets, à l’image de ses toros. Pour triompher face à eux il faut faire preuve d’une sérénité à l’épreuve des bombes : je compare ces toros aux femmes ; avec eux, point de brusqueries, il faut les traiter avec beaucoup de douceur » souligne le matador andalou qui considère ce fer comme capital dans la construction de sa carrière avec celui de Miura.

Le 7 juin 1981, au lendemain d’une corrida majeure de Manuel Benítez « El Cordobés » pour son grand retour dans l’amphithéâtre nîmois, Ruiz Miguel signe un après-midi d’exception face aux toros de Victorino Martín. Il ravit l’oreille de ses deux adversaires et sort en triomphe, marquant la différence avec ses compagnons de cartel, deux autres spécialistes du genre, José Antonio Campuzano et Manuel Ruiz « Manili ».

Deux ans plus tard, le 20 mai 1983, Ruiz Miguel est encore là pour défier sur le sable nîmois les pupilles du « Sorcier de Galapagar ». Aux côtés de Pepe Luis Vargas et Curro Durán, il obtient l’unique pavillon de la corrida d’ouverture de la Feria de Pentecôte, complétée par deux exemplaires du Conde de la Maza. Il faudra attendre la Pentecôte 1987 pour revoir les gris Albaserrada dans l’amphithéâtre gardois, cette fois sans Ruiz Miguel, mais avec un José Antonio Campuzano au sommet, deux oreilles en mains. Autre spécialiste de cet exercice, le regretté Dámaso González coupe une oreille lors d’une corrida fort entretenue dont le trio de toreros était complété par Victor Mendes ce 5 juin.

Dernière date de la décennie nîmoise pour Victorino Martín, celle du 11 mai 1989, avec un nouveau – et dernier – triomphe nîmois pour Ruiz Miguel face à sa ganadería de prédilection. Deux oreilles coupées et un festival de lidias savoureuses, concoctées par le torero de la Isla de San Fernando, aux côtés de Roberto Domínguez et Luis Francisco Esplá. Avec le fer du « A » couronné, les spécialistes de cet encaste se sont toujours écrits au pluriel. Le public nîmois retrouvera ces toros de légende le dimanche 16 septembre, en clôture de la Feria des Vendanges, avec Octavio Chacón, Emilio De Justo et Pepe Moral.

Souvenir de la « corrida du siècle » à Madrid, avec Ruiz Miguel, grand spécialiste des toros de Victorino Martín dans les années 80 aux arènes de Nîmes, aux côtés de José Luis Palomar, Luis Francisco Esplá et le ganadero (photo d’archives Las Ventas)/