L’ADIEU A LUC JALABERT


La triste nouvelle a résonné jusqu’au fin fond de la Camargue, sur les terres du mas de la Chassagne où il a rendu son dernier souffle : Luc Jalabert s’en est allé, à quelques jours du début de la Feria d’Arles, à l’âge de 66 ans, des suites d’une longue maladie. Né à Arles le 27 août 1951, Luc était l’aîné d’une famille camarguaise pleinement ancrée dans la tradition de l’élevage des chevaux et des taureaux, au côté de son frère Marc. Petit-fils d’Alphonse Jalabert et fils de Louis Jalabert, il démarra une carrière de rejoneador au milieu des années 70, parvenant à prendre l’alternative aux arènes de Méjanes le 14 juillet 1978 des mains d’Álvaro Domecq, huit ans avant d’y remporter le fameux trophée du Rejón d’or.

Un doctorat qu’il confirma deux mois plus tard dans les plus importantes arènes de la planète rejoneo, la plaza de Campo Pequeno, à Lisbonne, le 4 septembre, avec José Mestre Baptista, un seigneur de la tauromachie équestre au Portugal. Une confirmation d’alternative qui s’effectua également à Madrid, sur le sable de Las Ventas, au cours de la saison 1983. Ceint de l’habit portugais, Luc Jalabert sillonna les arènes des principales ferias européennes jusqu’au début des année 90, officiant notamment à Nîmes où il fit également lidier plusieurs novilladas. Il participa à sa dernière corrida lors de la Feria d’Automne 1992, à Madrid, lors d’un hommage à Rafael Peralta. 23 ans plus tard, il fit une réapparition d’un soir à Lisbonne, pour officier au côté de son fils Juan Bautista.

Alors directeur des arènes des Saintes-Maries-de-la-Mer et à la tête d’un élevage de toros braves fondé en 1980, Luc Jalabert débuta sa carrière d’organisateur et prit en mains les destinées artistiques d’un rejoneador inconnu du grand public, Ginés Cartagena. Jusqu’à sa tragique disparition, à l’automne 1995, le jinete originaire de Benidorm s’imposera par son charisme, conférant à la corrida de rejón un côté populaire qui lui manquait jusqu’alors. Durant cette période, Luc Jalabert approfondit son travail d’organisateur en créant notamment en 1992 « Le Printemps des Novilladas » puis « Le Printemps des Corridas », œuvrant pour la promotion des élevages français dans plusieurs arènes en proposant des cartels internationaux.

En 1999, il succéda à Hubert Yonnet à la direction des arènes d’Arles, connaissant ainsi la consécration dans sa carrière de professionnel taurin. A la tête de l’amphithéâtre romain, Luc Jalabert créa plusieurs cycles de promotion des novilladas et du rejoneo, avant d’institutionnaliser en 2005 la corrida goyesque comme un rendez-vous annuel pour la Feria du Riz. Il relança également la tradition de la corrida-concours d’élevages lors de cette feria entre 2002 et 2012.

Père de Lola et Jean-Baptiste Jalabert, actuels directeurs des arènes d’Arles depuis 2016, il dirigea les débuts de Juan Bautista, son fils aîné. En 1999, c’est même à Nîmes que le novillero débuta en France, graciant sous la bulle des arènes le fameux « Tanguisto », un grandiose novillo de Yerbabuena. Ainsi, Luc Jalabert fut l’apoderado de nombreux toreros, parmi lesquels Ginés Cartagena père et fils, Andy Cartagena, Antonio Ferrera ou encore Joselito Adame

Inlassable travailleur, au campo comme à son bureau des arènes, Luc Jalabert a reçu aujourd’hui l’hommage unanime d’une planète taurine qui ne l’oubliera jamais. Ses obsèques auront lieu vendredi matin aux arènes d’Arles (9h30), puis en la primatiale Saint-Trophime (10h30) avant l’inhumation dans la plus stricte intimité familiale au cimetière Saint-Pierre de Trinquetaille. La société Simon Casas Production adresse à la famille Jalabert, Marc, Lola, Jean-Baptiste ainsi que toutes les personnes touchées par le deuil ses plus sincères condoléances.

(Crédit photo : Anthony Maurin).