Dans son édition du lundi 6 août 2018, l’hebdomadaire taurin espagnol Aplausos évoque un record assez exceptionnel. Dimanche dernier, sur le sable des arènes de Huesca, Enrique Ponce et El Juli ont toréé la 300e corrida en commun de leur carrière. Un chiffre remarquable pour le maestro de Chiva âgé de 46 ans, qui compte 28 ans d’alternative, et pour le torero madrilène, qui, du haut de ses 35 printemps, va souffler en septembre prochain les 20 bougies de son doctorat taurin.
Représentants majeurs de la dernière décennie du XXe siècle taurin, Enrique Ponce et El Juli font toujours figure de vedettes accomplies de la tauromachie. Deux maestros indispensables à la composition des cartels des grandes ferias, comme l’atteste le nombre de leurs engagements respectifs dans les nombreuses arènes de la planète taurine. Dans son analyse, José Ignacio Galcerá revient sur les treize premiers mano a mano qui ont déjà opposé Ponce au Juli : 9 en Espagne, 3 en France (2 à Dax, et le premier à Béziers en 1999) et 1 en Colombie (Manizales, en 2016). Le dernier organisé à Huesca a nettement tourné à l’avantage du Valencian dont le toreo soigné a conquis les spectateurs, avec trois oreilles à la clé.
En développant plus les chiffres, Aplausos révèle pourtant que c’est le Juli qui détient le leadership en termes de trophées récoltés : en 299 corridas communes, 504 oreilles ont été attribuées au Juli, contre « seulement » 362 dans l’escarcelle de Ponce. Niveau rabos et faenas d’importance, le rapport bascule de peu en faveur du maestro de Chiva : 15 queues coupées par Ponce contre 14 en faveur d’El Juli. Lors de ces confrontations communes – qu’elles aient été dans le cadre d’un cartel classique, à trois, ou en mano a mano – Enrique Ponce a ouvert la Grande porte des arènes à 117 reprises. El Juli demeure en tête du total de sorties en triomphe avec 165 passages a hombros, à l’issue de ces 300 corridas, soit 55% de réussite.
Curiosité de ces statistiques : Enrique Ponce et El Juli, deux toreros très appréciés à Nîmes, n’ont paradoxalement partagé l’affiche dans l’amphithéâtre romain qu’à… 3 reprises ! Ce qui est peu en 20 ans d’alternative communs. La première corrida remonte au 1er juin 2001, lors de la grâce du fameux toro de Victoriano del Río, « Descarado », par Enrique Ponce. La deuxième confrontation date du 16 septembre 2005, lors d’une corrida de Las Ramblas, alors que la dernière remonte au 22 mai 2010, pour une course matinale fournie par le bétail de Garcigrande. Trois corridas sur lesquelles nous aurons l’occasion dans les prochaines semaines…
El Juli, attentif dans le patio des cuadrillas des arènes de Nîmes, le 9 juin 2014 (crédit photo : Anthony Maurin).