Alors que les Fallas de Valencia viennent de partir en fumée, l’heure des bilans s’invite déjà à la table des commentateurs et autres analystes. La Feria d’Olivenza avait déjà donné une indication, celle de Castellón de la Plana aura renforcé certaines certitudes quant à l’implication de toreros indispensables sur les affiches des grands cycles tauromachiques. En 2018, il faudra plus que jamais compter sur les figuras del toreo…
Débutée le dimanche 4 mars par une bonne novillada de Fernando Peña, la Feria de la Madeleine avait été témoin de la disposition des apprentis-toreros Toñete (une oreille), Sedano Vázquez (deux oreilles) et Ángel Téllez (une oreille). Une Grande porte qui allait s’ouvrir le lendemain pour un trio de rejoneadores au sommet de leur art avec un Leonardo Hernández fils au sommet, trois pavillons en mains, aux côtés de Rui Fernandes et Léa Vicens, tous deux récompensés par deux trophées chacun. Un triomphe intégral également favorisé par le bon jeu étalé en piste par les toros de Fermín Bohórquez.
Le jeudi 8 mars, pour la première corrida formelle du cycle, Juan José Padilla et Miguel Ángel Perera ont donné le « la » à la feria face à des toros de García Jiménez et Peña de Francia. Deux partitions particulièrement denses de la part du torero extremeño et du Jerezano, qui effectuait ses adieux à Castellón, et comme cela va être le cas dans bon nombre d’arènes tout au long de cette saison. Mais le lendemain, c’est El Juli qui a donné un grand coup de poing sur la table, une semaine après son forfait forcé d’Olivenza.
Un torero madrilène particulièrement inspiré et qui a su tirer profit de deux exemplaires issus de ses élevages fétiches de Garcigrande et Domingo Hernández. Trois oreilles pour El Juli, accompagné dans sa sortie en triomphe par Alejandro Talavante qui a une fois encore dessiné sur le sable de Castellón une faena au profil différent devant le 6e exemplaire de la corrida. Deux pavillons pour l’œuvre du torero extremeño alors qu’un seul trophée avait précédemment récompensé la seconde faena de José María Manzanares fils.
La corrida de Victorino Martín a été l’occasion de redécouvrir la personnalité de Varea, un torero sacré matador lors de l’édition 2015 de la Feria de Pentecôte aux arènes de Nîmes. Le natif d’Almazora (Castellón) ne découvrait pas le mythique élevage puisqu’il l’avait déjà défié un an auparavant à Arnedo, en ravissant déjà l’unique oreille de l’après-midi aux côtés des expérimentés toreros Curro Díaz et Paco Ureña. Une performance réitérée le 10 mars dernier à Castellón avec l’acquisition d’un pavillon de poids devant le 3e Victorino de l’après-midi, en se démarquant nettement d’El Fandi et Sébastien Castella.
Pour la course de clôture, les toros de Juan Pedro Domecq ont apporté la noblesse nécessaire pour mettre en lumière les faenas du trio de toreros composé par Enrique Ponce, José María Manzanares fils et Andrés Roca Rey. Un duel au sommet pour trois matadors aguerris au haut niveau : à ce jeu, le maestro de Chiva a une fois de plus excellé en ravissant un total de trois pavillons, toréant avec une décontraction qu’il est désormais rare de voir à ce niveau d’expression. Un triomphe partagé avec le Péruvien Roca Rey, qui, deux ans et demi après sa prise d’alternative nîmoise, confirme toutes les attentes placées en lui, qui plus est au côté de son parrain d’alternative.
Trois oreilles pour le torero sud-américain qui fera encore de son sens aigu de l’engagement face au toro l’une des constantes de cette temporada 2018. La septième et dernière oreille de cette course brillante est revenue entre les mains de José María Manzanares fils, encore en phase de rodage en ce début de saison taurine. Autant de noms brillants que les spectateurs des arènes de Nîmes retrouveront peut-être lors de la prochaine Feria de Pentecôte. Réponse attendue dans les premières journées d’avril lors de la proclamation des cartels nîmois.
(Crédit photo : Anthony Maurin).