Depuis son retour aux affaires, la Gauche espagne a asséné quelques coups durs à la Tauromachie, notamment avec le retrait récent des remises des Médailles des Beaux-Arts au secteur taurin par le Ministère de la Culture. Depuis l’avènement de Podemos et l’élection de personnalités politiques en rupture avec l’identité traditionnelle de l’Espagne – monarchie, toros, flamenco, paëlla, etc. –, de nouveaux leaders cherchent à replacer la tauromachie au centre de la société espagnole afin de mieux la défendre. Que ce choix soit dicté par une réelle afición a los toros ou par un geste à des visées électorales, celui-ci interpelle au cœur d’un pays où les basculements de majorités sont devenus l’apanage du quotidien.
Après sa défaite historique aux élections provinciales andalouses, la Gauche espagnole a ressorti les griffes, s’attaquant à la tauromachie notamment par la voix de sa ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera Rodríguez. Un positionnement pro-abolitionniste que l’opposition de Droite tente de contrebalancer via deux personnalités aux profils bien différents : Santiago Abascal, président du tout-jeune parti de droite nationale et identitaire Vox, et Pablo Casado, le nouveau président du Parti populaire espagnol. Tous deux politiquement formés au « Parti Popular », ces deux jeunes présidents de formations ont deux manières différentes et complémentaires de défendre la tauromachie : perspective culturelle et identitaire pour Abascal, nombre d’emplois dans le secteur et impact économique pour Casado.
Issu d’une scission au sein du Parti populaire espagnol, Vox a gravi les marches du succès au cours de ses cinq années d’existence, faisant une entrée remarquée au Parlement andalou, avec 12 sièges. Une nouvelle force politique prise avec sérieux par des formations comme Ciudadanos ou même le Parti populaire, qui n’excluent pas une alliance avec Vox afin d’obtenir la majorité absolue dans certaines assemblées. Au niveau du monde taurin, Morante De La Puebla a clairement affiché son soutien à Santiago Abascal, à l’instar d’autres toreros andalous comme Javier Jiménez et Pablo Aguado.
Pourtant, certains observateurs politiques espagnols font valoir que ce positionnement de Vox n’est nullement une affirmation de la défense de la tauromachie, mais plutôt l’un des nombreux éléments utilisés comme prétexte de son arsenal identitaire. Une identité connue à travers le monde par son Toro d’Osborne mais mise à mal depuis une dizaine d’années par de nouvelles voix qui entendent changer la figure totémique espagnole enracinée dans le courage et les valeurs du torero ou les pasodoble exultant « E Viva España »… Un débat qui n’est pas nouveau en Espagne : la tauromachie avait été sacrifiée en Catalogne au début des années 2010 afin de permettre aux leaders indépendantistes de s’attaquer à un symbole fort de l’identité du pays, défendu par la Couronne.
Au cœur de l’arène politique, certaines personnalités espagnoles souhaitent faire entendre leurs voix afin de mieux exister… et récolter d’autres types de voix. Face aux tentations abolitionnistes, nos voisins se doivent de choisir « le bon cheval » et réaffirmer avec la plus grande force qui soit la dimension culturelle et populaire de la Tauromachie. L’excellent bilan de la dernière Feria d’Automne à la Monumental de Las Ventas, à Madrid, est encore présent dans tous les esprits.
Morante De La Puebla partageant le cigare avec le président de Vox, Santiago Abascal (crédit photo : page Twitter de Santiago Abascal).