ÉLEVAGES : CONDE DE LA MAZA, LA FIN D’UNE GRANDE HISTOIRE GANADERA


Leopoldo Sáinz de la Maza Ybarra, troisième éleveur à porter le titre du « Conde de la Maza », a mis un terme à son activité ganadera, envoyant la quasi-intégralité de son cheptel à l’abattoir et mettant en vente sa propriété. Une décision mûrement réfléchie par l’éleveur andalou, depuis près d’un an, qui s’était déjà débarrassé de plusieurs vaches ou laissé du bétail pour des courses populaires. Un ganadero qui se dit « fatigué des préférences des toreros et des organisateurs » même s’il conservera le fer de l’élevage et ses droits nominatifs au sein de la société familiale.

Élevage emblématique du siècle dernier, le bétail brave du Conde de la Maza paissait sur les terres historiques du Cortijo de Arenales, à Morón de la Frontera (Séville). Une aventure débutée dans les années 30 par le grand-père de Leopoldo Sáinz de la Maza Ybarra, aux origines de l’encaste Núñez, avec un apport de Villamarta. Cet élevage devint un encaste à part entière du fait de la fixation de son sang dès 1953, sans qu’une autre modification ne vienne changer l’orientation de la sélection.

65 ans de travail ganadero qui ont fait du Conde de la Maza un élevage de caractère, l’une des marques de fabrique du Núñez. Une ganadería portée par le père de l’actuel éleveur, jusqu’à sa disparition, en juillet 2002. Le Conde de la Maza fut un élevage de référence jusqu’au début du XXIe siècle, programmé dans bon nombre d’arènes de première catégorie, comme Madrid, Pampelune, Saragosse ou encore Séville, l’une de ses plazas de prédilection où il connut son dernier grand succès lors de la corrida du Corpus 2014, avec une grande faena signée Pepe Moral, qui coupa deux oreilles.

A Nîmes, le nom du Conde de la Maza est à jamais lié aux premiers succès de Paco Ojeda, en 1982. Une ganadería régulièrement programmée au cours des années 80 et qui lidia sa dernière corrida dans l’amphithéâtre nîmois le vendredi 2 juin 1995, avec un lot mémorable et un triomphe d’El Fundi, qui coupa l’oreille de ses deux toros. Aujourd’hui, il ne reste de l’élevage du Conde de la Maza qu’un lot de bétail brave, vendu à Diego Miguel Curiel, à qui il reviendra la lourde tâche de maintenir l’existence d’un fer historique.

Curiel, qui a été novillero, a récemment expliqué sur les ondes de Radio Cope qu’il était en possession de jeunes et de vieilles vaches, de lots pour des novilladas sans picadors et de 35 jeunes mâles : « nous allons très certainement mettre l’un de ces novillos sur les vaches. Le toro du Conde de la Maza m’a toujours enchanté par son type et son comportement. Je serai toujours preneur du moindre conseil émanant de la famille Sáinz de la Maza ; il sera toujours bon. Je vais maintenir la pureté de ce sang parce qu’il le mérite, tout en lui donnant ma touche personnelle » a confié l’éleveur établi sur les terres sévillanes d’El Garrobo.

Une « peinture » du Conde de la Maza lidié dans les arènes de Madrid le 25 mai 2014 (crédit photo : archives Las-Ventas.com / Taurodelta).