Miguel Báez y Espuny, « El Litri », petits-fils, fils et frère cadet d’une grande dynastie de toreros andalous, a rendu son dernier souffle ce mercredi à Madrid, du haut de ses 91 printemps. Un maestro et un torero d’époque qui a marqué de son style le toreo de l’après-guerre et la période qui a suivi la disparition de Manuel Rodríguez « Manolete ». Né le 5 octobre 1930 à Gandía (Valencia), Litri débute sa carrière de novillero à l’âge de 16 ans, à Valverde del Camino (Huelva).
Après trois années en qualité d’apprenti-torero, le 12 octobre 1950, il est sacré matador de toros par Joaquín Rodríguez « Cagancho », en présence de Julio Aparicio père, sur le sable des arènes de Valencia, coupant ni plus ni moins que quatre oreilles et deux queues aux toros d’Antonio Urquijo pour sa première corrida ! Un triomphe grandiose qui allait annoncer les lendemains heureux d’un torero souverain. Séville se rend aux pieds de Litri le 17 avril 1951 et lui ouvre sa Porte du Prince à l’issue d’une corrida de Carlos Núñez où il partage le cartel avec Manolo González et Julio Aparicio père. 1951, année-phare de Litri qui le voit confirmer à Madrid le 17 mai, des mains de Pepe Luis Vázquez père, en présence d’Antonio Bienvenida, avec déjà un pavillon comme récompense.
Mais c’est un mois plus tard que Litri bouleverse Las Ventas en triomphant avec panache, quatre trophées dans l’esportón, lors de la Corrida de Beneficencia. Une arène fétiche pour Miguel Báez, qui ouvrira la Grande porte de la Monumental à 7 reprises tout au long de sa carrière qui s’achèvera en 1967. Le maestro andalou revêtira l’habit de lumières en quelques rares occasion : les 2 et 3 août 1968, à l’occasion des fêtes d’inauguration des arènes de la Merced, à Huelva, notamment avec Manuel Benítez « El Cordobés » et Ángel Teruel père, puis aux côtés de Paco Camino et de Palomo Linares. Seize ans plus tard, il fera de même, pour deux autres corridas exceptionnelles célébrant la réouverture de ces mêmes arènes de Huelva, d’abord avec Curro Romero et Pepe Luis Vázquez fils, puis aux côtés de Paco Ojeda et Sebastián Córdoba « Chamaco II ».
Miguel Baéz Espuny « Litri » torée la dernière corrida de sa carrière lors d’un après-midi qui est passé à la postérité et demeure l’un des plus grands et nombreux événements tauromachiques organisés aux arènes de Nîmes. Le 26 septembre 1987, ceint d’un costume vert bouteille et or, il effectue l’ultime paseo de sa carrière pour donner l’alternative à son fils alors âgé de 19 ans, Miguel Báez Spínola « Litri », en présence de Paco Camino, qui allait également sacrer matador de toros son fils Rafi Camino, autre vedette novillerile du milieu des années 80. Cette corrida historique, qui s’acheva par la sortie en triomphe de Litri, fut également marquée par la coupe de la coleta du maestro andalou. Une course immortalisée par les caméras de La Cinq, la chaîne de télévision créée par Silvio Berlusconi, qui retransmit en différé la corrida, dans les conditions du direct, avec quelques moments de bravoure télévisuelle, comme l’ultime vuelta de Litri sous les airs de Carmina Burana.
Titulaire de la Médaille d’or du mérite des beaux-arts, Miguel Báez Espuny « Litri » fut également nommé comme Fils adoptif de la Ville de Huelva, commune dont il reçut la médaille d’or de la députation provinciale, trois ans après la Médaille d’Andalousie. Torero emblématique de la seconde partie du XXe siècle, Litri père avait débuté aux arènes de Nîmes le 18 juin 1950, lors d’une novillada de Carlos Núñez, aux côtés de Chaves Flores et de Julio Aparicio père. Il toréa au total deux courses lors de cette temporada 1950 dans l’amphithéâtre romain. Nîmes le découvrit comme matador de toros en 1957, le 9 juin, avec Antonio Ordóñez et Jaime Ostos, toujours face à un lot de Carlos Núñez. Au total, il participa à 4 corridas dans la capitale gardoise. À la famille du maestro et à l’ensemble des personnes touchées par ce deuil, la société SCP France adresse ses plus sincères condoléances.
L’ultime vuelta de Miguel Báez Espuny « Litri » aux arènes de Nîmes, le 26 septembre 1987 (crédit photo : collections groupe FB « Toros à Nîmes 1863 »).